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L'expérience de vie du cinéaste Denis Villeneuve

Incendies

Publié le 30 août 2010
© Agence QMI - Denis Villeneuve: «Je sors de cette expérience-là avec une énergie incroyable.»

Il faut entendre le cinéaste Denis Villeneuve parler de son film Incendies pour constater à quel point cette dernière expérience cinématographique l'a atteint en plein coeur et a totalement nourri l'homme qu'il est.

«Je sors de cette expérience-là avec une énergie incroyable. Incendies me donne l'appétit d'explorer le cinéma comme je n'ai jamais eu avant. J'ai un appétit sauvage de refaire un autre film», confie en entrevue au Journal de Montréal, Denis Villeneuve.

Le film Incendies fut inspiré de la fameuse pièce de Wajdi Mouawad.

«Il y a cinq ans, quand j'ai vu cette pièce-là, je suis sorti sur les genoux. J'ai eu un coup de foudre puissant. Ce texte m'habite d'ailleurs depuis tout ce temps-là. C'est un gros deuil pour moi de quitter cette aventure, à un point tel que j'ai le goût de le revisiter un jour d'une autre manière. Il y a tant à dire sur cette culture arabe, sur le Moyen-Orient», raconte avec passion Denis Villeneuve.

Wajdi Mouawad a donné carte blanche à Denis Villeneuve pour réaliser le film Incendies. Il a déjà vu le résultat quatre fois et en est ressorti totalement ému.

C'EST QUOI INCENDIES ?


«C'est le film le plus complexe que j'ai fait qui m'a exigé des années de préparation. Mais Wajdi m'a fait le plus beau des cadeaux en me permettant de faire des erreurs. Il m'a vraiment respecté comme créateur. "La pièce, c'est moi, le film, c'est toi", m'a-t-il dit. Pour le cinéaste, Incendies est « une tragédie grecque ultramoderne qui nous fait rencontrer une culture avec laquelle nous entretenons malheureusement un dialogue de sourds. On est en guerre avec une partie du Moyen-Orient; on a des amitiés, des ennemis. Mais à mon avis, c'est très important que nous amorcions un vrai dialogue avec cette culture-là ; qu'on tisse un pont. Nous, comme cinéastes, comme auteurs, nous avons, je crois, une responsabilité de faire découvrir ce monde-là».

Denis Villeneuve ne croit pas que les cinéphiles doivent voir la pièce avant le film.

«La meilleure préparation pour aller voir Incendies, c'est d'en savoir le moins possible. Moi, c'est la plus belle histoire que j'ai entendue dans ma vie. C'est pourquoi je voulais tant la porter à l'écran.»

UN FILM COSTAUD

Le film est une coproduction avec la France. Son budget est de 6,5 M$, et il y a eu 40 jours de tournage, dont une quinzaine en Jordanie. Mais avant, il y a eu des mois de préparation à parcourir et à découvrir le Liban et la Jordanie.

«Je sais, 6 M$ est un bon budget dans le contexte québécois. Je suis conscient que c'est beaucoup d'argent. Mais un film aussi ambitieux aurait eu besoin de plus de moyens. Les Américains l'auraient fait avec 50 M$. Je ne dis pas cela par rapport à mon ego, mais pour Wajdi. Je pense que son histoire mérite un film costaud. Les producteurs ont mis leurs chemises ; la Jordanie avec leurs figurants, leurs techniciens, leurs décors fut très généreuse. Chaque plan de ce film-là est étiré au maximum. C'est mon film le plus complexe que j'ai tourné, mais c'est, je crois humblement, mon meilleur film», précise Denis Villeneuve, sur un ton convaincu. Il dit en avoir pour des années à décanter cette rencontre magique avec l'oeuvre de Wajdi.

«C'est une rencontre avec la culture arabe, le rapport à l'engagement, à l'honneur, à la fierté, à l'amitié, à la générosité incroyable de ce peuple-là, mais aussi avec ses faiblesses, sa colère», précise d'une voix touchante le cinéaste de 42 ans.

Et c'est quoi la différence entre Polytechnique et Incendies ?

«Polytechnique, je connaissais l'histoire. C'était un fait historique. Incendies, pour moi, j'étais dans la fiction, mais heureusement, j'étais entouré de gens qui l'avaient vécu, comme ces figurants irakiens palestiniens. J'ai senti la même responsabilité en filmant Incendies que Polytechnique. Ma responsabilité était d'être capable de transmettre une souffrance que d'autres avaient vécue. Je ne connais rien à la guerre. Il m'a fallu de l'humilité. J'ai pu saisir que le Moyen-Orient était pris dans ce cycle de violence, cette spirale que seule une autorité extérieure solide pourra briser», conclut Denis Villeneuve.

    - Incendies est présenté au Festival de Venise le 3 septembre prochain et à celui de Toronto le 11 septembre. À Montréal, il sera en salle le 17 septembre.

    - Coproduction avec la France, les producteurs sont Micro scope PHI Group et TS Productions à Paris.

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