Festival de Cannes

Le cinéma québécois a fait sa place

Scène du film Next Floor de Denis Villeneuve, primé à Cannes l'an dernier.

 

«La popularité du cinéma québécois en France va sans cesse en grandissant. Et la cerise sur le gâteau, c'est quand on voit que sur les vingt-cinq films sélectionnés à la Quinzaine des réalisateurs, il y en a trois du Québec. Quand on sait qu'il se produit entre quinze et vingt-cinq longs métrages par année au Québec, c'est extraordinaire.»

Celui qui s'exprime avec autant d'enthousiasme, c'est Christian Verbert, commissaire européen de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). Installé à Paris, habitué de Cannes depuis trois décennies, M. Verbert est en quelque sorte le trait d'union entre le milieu du cinéma québécois, la France et, par extension, l'Europe francophone.

Il était donc aux premières loges pour assister à la montée en grâce du cinéma québécois dans l'Hexagone. Et surtout pour l'expliquer. À ses yeux, l'un des points tournants s'est produit quand les cinéastes québécois ont finalement accepté que certaines scènes de leurs films soient sous-titrées pour le public français.

«Avant, explique M. Verbert, il y avait une certaine réticence. Les Québécois se disaient que les Français n'avaient qu'à se forcer pour comprendre. Mais les nouveaux réalisateurs, je pense notamment à Ricardo Trogi, ont décidé de jouer le jeu à la condition d'avoir le contrôle sur les sous-titres choisis.»


MOINS FOLKLORIQUES

Le regard des Français sur le cinéma de la belle province a aussi changé, poursuit Christian Verbert.

«Il y a une époque où on avait les Gilles Carle, Carole Laure, Lewis Furey et Jean-Claude Lauzon qui venaient. Les Français les admiraient, mais avec un côté péjoratif, folklorique. C'étaient les petits cousins. Aujourd'hui, ils aiment les Québécois parce qu'ils proposent un cinéma mélangeant les côtés américain et européen. Ça, ils ne sont pas capables de le faire.

«Et puis, enchaîne-t-il, quand la ministre de la Culture vient ici et rencontre des ministres de la Culture de l'Allemagne, de l'Angleterre, ça donne un levier essentiel pour vendre notre cinéma par la suite. Personnellement, ça m'ouvre des portes. Quand le gouvernement du Québec annonce une augmentation des crédits d'impôts pour la culture, je fais toujours un communiqué que j'expédie aux médias français. En une semaine, il y a toujours quatre ou cinq producteurs européens qui m'appellent pour manifester leur intérêt à coproduire un projet.»


SUR LES CHAMPS-ÉLYSÉES

Tout cela sans compter l'organisation depuis 12 ans, sur les Champs-Élysées, du festival Cinéma du Québec, où sont projetés des dizaines de films québécois. Le festival, qui se tient habituellement à la fin de novembre, a aussi lieu à Liège, à Lyon et, depuis 2008, à Cannes.

«C'est certainement l'une des raisons qui expliquent que nous ayons autant de films à Cannes cette année. Des programmateurs de films internationaux viennent nous voir et il s'y fait un immense travail de réseautage», note Isabelle Melançon, directrice des communications à la SODEC, qui signale que le public français répond invariablement présent au festival.

«L'an dernier, sur les Champs-Élysées, le film d'ouverture était Ce qu'il faut pour vivre, de Bernard Pilon. Il y avait tellement de gens qu'il a fallu ouvrir une deuxième salle. Encore là, on a dû en refuser une soixantaine.»

 

 
 
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