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Pierre Lebeau honoré par ses pairs

Festival des films du monde

Publié le 31 août 2009
© Gracieuseté K-Films Amérique - Pierre Lebeau joue le rôle de Norbert, un travailleur humanitaire en fuite dans le film Un cargo pour l'Afrique, en compétition au Festival des films du monde.

Pierre Lebeau recevra un hommage ce soir, au Festival des films du monde, pour ses 35 ans de carrière bien remplie. Le mot «retraite» n'existe pas dans sa tête. Se disant nullement doué pour les loisirs et les vacances, il pratique avec passion ce métier d'acteur. Il tient le rôle principal du seul film québécois en compétition au FFM, Un cargo pour l'Afrique, dans lequel il joue le rôle d'un travailleur humanitaire obligé de fuir le pays, étant accusé d'un crime qu'il n'a pas commis. Un film de Roger Cantin présenté ce soir en grande première. Conversation avec l'un des plus grands acteurs du Québec.

Q Cet hommage-là, Pierre Lebeau, vous le recevez comment ?

R Je reçois cela avec beaucoup de plaisir et aussi beaucoup d'humilité. Ça me touche que ça vienne de mes pairs. C'est un métier qui m'oblige à fouiller, à chercher constamment à cause des productions tellement différentes dans lesquelles je joue. Je me documente énormément pour tous mes rôles.

Q Vous avez eu autant de rôles au cinéma qu'à la télévision. Avez-vous une préférence ?

R Non. Pour moi c'est comme pratiquer deux sports différents. J'ai été très chanceux dans ma carrière, car je reçois autant de rôles pour le cinéma et la télévision que pour le théâtre. Je suis choyé, en tant qu'acteur.

Q Ce succès, vous le vivez comment pour que ça reste positif ?

R J'essaie de redonner à la société. Cette année, je suis le porte-parole de Suicide action Montréal. J'essaie de mettre la petite notoriété que j'ai au service d'une cause. Chaque jour, au Québec, trois personnes se suicident. C'est horrible ! Il faut agir et être à l'écoute de la détresse des gens. J'essaie de ne jamais me laisser aller, de ne jamais baisser la garde, de donner toujours le meilleur.

Q Comment choisissez-vous vos rôles ?

R Je choisis les rôles, mais aussi beaucoup les gens avec lesquels je veux travailler. Les boys, par exemple, et mon personnage de Méo, c'est une vraie famille pour moi. Je tourne présentement la série télévisée et je retrouve la même magie. Au théâtre, j'ai eu des rôles très physiques, comme dans L'Odyssée d'Alice Tremblay, Cyrano et, au cinéma, il y a eu Séraphin, qui fut un cadeau de carrière. Souvent, les plus beaux rôles nous arrivent par hasard, comme ce fut le cas pour Séraphin et Cyrano. Faut pas trop rêver à des rôles, il faut faire confiance aux hasards de la vie. Un bon rôle allie le côté dramatique et comique, et me permet d'aller toujours plus loin.
 

Q À 55 ans, après 35 ans de métier, vieillir à l'écran vous fait-il peur ?

R J'espère juste qu'en vieillissant, les rôles ne disparaîtront pas. Habituellement il y a moins de rôles pour les acteurs qui vieillissent. J'espère que je pourrai éviter cette triste réalité. L'expérience fait de toi un meilleur acteur, ton jeu est plus raffiné. Ça compte aussi cela, à l'écran.

Q Est-ce que c'est plus difficile pour les jeunes acteurs aujourd'hui ?

R Absolument. C'était plus simple pour nous. Tout se faisait de façon plus artisanale. On allait voir les réalisateurs directement au septième étage de Radio-Canada, on parlait des projets, des rôles à venir. Présentement, la structure est trop lourde avec les agents, les maisons de casting... Tout est hiérarchisé. La pyramide est plus complexe. Il leur faut de la passion et du courage, aux jeunes, pour persister. On pour rait simplifier les règles et trouver un moyen de les aider.

Q La grande question du financement de la culture vous inquiète ?

R Malheureusement, les sommes allouées à la culture n'ont pas augmenté, alors que les coûts de production, eux, ne cessent d'augmenter. Il faut faire plus avec moins. Pourtant, les budgets de la défense explosent, eux. Ça m'attriste.

Q Et notre cinéma québécois, vous aimez son évolution ?

R Encore une fois, je pense qu'on fait beaucoup avec peu. C'est tout à notre honneur. Le problème du cinéma n'est pas un problème d'inventivité ni de talent, mais d'argent. Encore et toujours. Des fois, on reproche aux producteurs privés de faire appel à du placement de produit. Je ne comprends pas : c'est ça ou on ne fait pas de films ! Toronto prend beaucoup de place, mais là encore, c'est une question d'argent. Toujours et encore.

Q Est-ce que Pierre Lebeau est heureux ?

R L'acteur est comblé. Mais plus le temps passe, plus je trouve que la vie est trop courte. Le métier d'acteur, c'est recréer la vie, il faut donc s'intéresser aux gens et être curieux pour bien le pratiquer. J'essaie d'appliquer ces règles chaque jour.

On le reverra dans le rôle de Méo des Boys cet hiver, un Méo qui retrouvera sa mère. Et il parcourt le Québec avec les pièces Clash et Matroni et moi. Un cargo pour l'Afrique arrivera en salle le 11 septembre.

 

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