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Un devoir de mémoire

Publié le 12 juin 2017
Photo Courtoisie - Les jeunes acteurs Batyste Fleurial et Dorian le Clech incarnent les deux frères du film Un sac de billes.
Christian Duguay enchaîne les films en France. Après avoir eu du succès avec le drame sportif Jappeloup et le film familial Belle et Sébastien 2, le cinéaste québécois s'est lancé dans un autre projet ambitieux en réalisant une adaptation cinématographique du livre Un sac de billes, le célèbre roman autobiographique de l'auteur Joseph Joffo. «C'est un des films dont je suis le plus fier», dit-il en entrevue.

Tourné en France et en République tchèque à l'automne 2015, Un sac de billes raconte l'histoire véridique de deux jeunes frères juifs en fuite à travers la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils devront faire preuve de courage et de débrouillardise pour ­tenter de retrouver leurs parents, qui ont aussi quitté le domicile familial pour fuir les nazis.
 
Le film a pris l'affiche en janvier ­dernier en France, où il a eu un beau succès populaire, attirant 1,2 million de spectateurs dans les salles.

«Je suis particulièrement fier de ce film parce qu'il participe au devoir de mémoire», explique Christian Duguay en entrevue au Journal plus tôt cette semaine.
 
«Je voulais faire un film qui décrirait cette époque ténébreuse et qui rappellerait aux gens les noirceurs de la génétique humaine: le racisme, la persécution, la xénophobie. Mais en même temps, je voulais aussi que ce soit un film lumineux et porteur d'un message d'espoir et de vie. Il y a des passages difficiles dans le film, mais il y a aussi des moments qui sont remplis d'amour.»

«J'ai fait le film que je voulais faire et j'ai été très content de l'accueil qu'il a reçu en France. Mais pour moi, le test ultime a été de le montrer à l'auteur du roman, Joseph Joffo. Il n'avait pas aimé l'adaptation que Jacques Doillon avait faite de son histoire dans les années 1970. Et il était un peu craintif au départ, parce qu'on a dû écrire le scénario rapidement avant le tournage. Mais dès qu'il est venu visiter le plateau de tournage, il a été rassuré et séduit par ce qu'on voulait faire. À la fin du tournage, il est venu me parler et il s'est effondré en larmes. C'était un beau moment. Il m'a aussi envoyé un mot très touchant après avoir vu le film pour me dire que mes images étaient sa récompense. Ç'a été une belle aventure. Je suis béni des dieux.»

Impressionné par Bruel

Dès qu'il a commencé à écrire le ­scénario d'Un sac de billes avec le ­scénariste québécois Benoît Guichard, Christian Duguay a commencé à ­imaginer Patrick Bruel pour le rôle du père des deux jeunes frères.

«Je l'ai eu en tête très rapidement, relate Duguay. Je lui ai envoyé le scénario dès qu'on a terminé de l'écrire. On s'est rencontrés, Patrick et moi, et le courant est passé. Il m'a dit: j'aime le scénario­­ et le personnage, mais si tu n'as pas les bons acteurs pour jouer les deux garçons, tu n'as pas de film. Je lui ai montré sur mon téléphone des images de l'audition que j'avais faite avec les deux jeunes acteurs et ses yeux se sont remplis d'eau. Il m'a dit: banco, je veux le faire. Ç'a été une belle rencontre. Je trouve que Patrick est un artiste complet. Il a une étincelle dans le regard. Il n'est pas prétentieux, il est authentique et il est d'une grande générosité.»

Comme cinéaste, Christian Duguay a un parcours atypique. Recruté au début de sa carrière pour tourner des films d'action à Hollywood dans les années 1990, il a bifurqué vers la télévision dans les années 2000 en réalisant des séries et des téléfilms ambitieux comme Jeanne d'Arc et Hitler: la naissance du mal. Depuis quelques années, il semble avoir trouvé sa place comme réalisateur en France.

«J'ai une belle niche en ce moment en France, admet-il. J'ai accès à de beaux projets et à des sujets qui m'intéressent. Ça me permet aussi de faire des films francophones. C'est un plaisir de pouvoir tourner des films dans ma langue. Je ne dis pas que je ne referais pas un jour des films en anglais. Mais le fait de tourner en français m'apporte un petit quelque chose de plus et une satisfaction supplémentaire. Et c'est le fun de sentir à 60 ans qu'on est encore sur la vague!»

En plus de travailler à d'autres projets en France et ailleurs, Duguay planche actuellement sur une ­adaptation ­cinématographique de la série de bandes dessinées Magasin général, qu'il prévoit tourner au Québec l'an prochain. «Ça fait longtemps que je cherche le bon film pour revenir tourner au Québec et je crois l'avoir enfin trouvé, confie-t-il. C'est un projet que j'aime beaucoup et qui me ressemble.» 
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