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Un Conte pour tous... pour adultes

Un cargo pour l'Afrique

Publié le 14 septembre 2009
© Annie T. Roussel - L'équipe du film lors de son passage à Québec. On reconnaît Roch Demers, Roger Cantin, Julien Adam et Pierre Lebeau.

Avec le vénérable Pierre Lebeau qui occupe le premier rôle et le thème de la mort abordé de front, c'est un Conte pour tous hors-norme, version pour adulte, que signe Roger Cantin avec Un cargo pour l'Afrique.
Cette fable sur la complicité qui se développe entre un travailleur humanitaire rustre (Pierre Lebeau), revenu d'Afrique contre son gré et voulant à tout prix y retourner malgré une santé chancelante et un gamin (Julien Adam) dont la mère vient de perdre son combat contre le cancer, vise «un public plus mature», dit le réalisateur scénariste, qui nous a donné La Guerre des tuques, il y a déjà un quart de siècle.

«Ce n'est pas un film d'enfant, de divertissement. Ça parle de sujets sérieux: la vie, la mort. C'est un autre aspect des Contes pour tous», révèle Roger Cantin.

«La différence essentielle avec les 22 Contes pour tous, c'est que le rôle principal est joué par un adulte. Tout de suite, ça le place dans une catégorie différente, même que tous les adultes qui vont vouloir amener leurs enfants vont y trouver leur compte. Dans les autres Contes pour tous, c'étaient les enfants qui amenaient leurs parents», spécifie le producteur Roch Demers.


PATIENCE

C'est une série de rencontres avec des travailleurs humanitaires qui a inspiré ce scénario à Roger Cantin, il y a maintenant sept ans. «Leur dévotion et le fait que ce sont des gens qui restent dans l'ombre toute leur vie qui m'a impressionné.

J'avais aussi entendu une entrevue à la radio de Dominique Payette avec un enfant qui parlait de la mort de sa mère.

Je trouvais que cet enfant avait une très grande maturité. Il avait été bien entouré lors de l'événement et avait assumé et compris des choses à propos de la vie et de la mort», dit celui qui ne s'étonne pas d'avoir dû attendre sept ans pour pouvoir tourner Un cargo pour l'Afrique.

Il illustre d'ailleurs la patience dont doivent faire preuve les cinéastes québécois en relatant une anecdote survenue pendant les 12 années qui ont séparé la ponte du scénario de L'assassin jouait du trombone et sa sortie en salle.

«Au tout début, je cherchais des appuis et j'avais envoyé le scénario à Yvon Deschamps. Deux ou trois semaines avant la sortie du film, donc 12 ans plus tard, j'ai reçu le scénario par la poste avec un mot de son secrétaire disant que M. Deschamps est trop occupé et n'aura pas le temps de le lire.»

«Moi, un peu baveux, je suis allé chercher deux billets chez le distributeur et je les ai envoyés à Yvon Deschamps. Nous n'avons pas eu de nouvelles. Un autre 10 ans plus tard, on me faisait un hommage au cégep de Saint-Hyacinthe. Qui était l'animateur? Yvon Deschamps. Et que raconte-t-il au moment de me présenter? Exactement ce que je vous raconte.»

Boudé longtemps par les institutions financières, Un cargo pour l'Afrique a finalement été tourné avec un budget de 1,5 million de dollars, un de moins que ce qui était initialement prévu. Ses artisans estiment cependant qu'il n'y paraît rien grâce à l'utilisation de la technologie HD.

«Ça donne une liberté qu'on n'avait pas avant. On a passé plus de temps avec les comédiens, moins à la technique. On pouvait tourner une scène et la revoir cinq minutes plus tard sur l'écran de mon ordinateur portable plutôt que d'attendre au lendemain», raconte le cinéaste, qui s'est servi du HD et de l'informatique pour créer de toutes pièces le somptueux décor d'un cimetière surplombant le fleuve et qui a sauvé, par le fait même, quelques précieux dollars.

«Avec le budget d'origine, on pensait aller tourner aux Éboulements ou au Bic, où on aurait construit un cimetière avec vue sur le fleuve. Mais là, le cimetière est à Saint-Joseph-du-Lac, près de Montréal, et on a rajouté le Bic en arrière-plan. La chute qu'on voit dans la montagne est une partie des chutes Montmorency», rigole Cantin, pas peu fier de ses trucages qui passent comme une balle à l'écran.


En quête de l'Afrique

Norbert (Pierre Lebeau) a passé 20 ans de sa vie en Afrique comme travailleur humanitaire. Par idéalisme, bien sûr, mais aussi parce qu'il devait fuir le Canada où on l'accusait d'un crime qu'il n'avait pas commis. Évacué d'urgence à cause d'une guerre civile, il se retrouve dans son pays d'origine, le Canada, malgré lui et sans papiers.

Depuis, Norbert n'a qu'une idée: retourner en Afrique. Il ne veut pas rester coincé au Canada, où il se sent inutile? et en danger. Norbert planifie de monter en clandestin sur un cargo qui le ramènera en Afrique. Mais, il doit se défaire de Trotsky, son singe capucin.

Il n'a d'autre choix que de l'abandonner dans un parc en espérant qu'il sera recueilli. Mais, voilà qu'un enfant, Christophe, reconnu comme une petite peste, lui rapporte sa bête: «Pourquoi t'abandonnes ton singe? T'es un dégueulasse.»

La confrontation du début se transforme petit à petit en une complicité réelle. L'homme et l'enfant deviennent l'un pour l'autre la clé permettant de surmonter un moment de vie difficile.

 

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