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Un nouveau terrain de jeu

Louis Bélanger

Publié le 17 août 2009
© Photo d'archives Le Journal de Montréal - Louis Bélanger, le réalisteur du film The Timekeeper

Poussé par une envie féroce de tourner à l'extérieur de Montréal, loin de la ville, Louis Bélanger avait presque viscéralement besoin d'un autre terrain de jeu.

Il a été comblé par L'heure de vérité, tourné à l'été 2007, dans la réserve faunique de Port-Cartier, en lieu et place des Territoires du Nord-Ouest.

«Il n'y a pas un cinéaste qui n'a pas envie de filmer dans le bois, d'accoter sa caméra dans des paysages comme ça!» soutient d'entrée de jeu le cinéaste, joint par téléphone quelques jours avant le début du tournage de son prochain long métrage, Demande à ceux qui restent, qui s'amorce lundi à Kamouraska.

«Je suis tombé amoureux de l'écriture de Trevor Ferguson. Déjà, après Post mortem, je disais que je voulais adapter un de ses romans au cinéma. Comme il habite Montréal, à deux pas d'ici, il en avait entendu parler. J'ai découvert ses romans il y a 15 ans grâce au cinéaste Robert Morin. Il a une écriture à la fois très réaliste et une imagination foisonnante. J'ai lu tous ses livres et il y en a un que je trouvais plus cinématographique que les autres, c'était The Timekeeper», raconte le cinéaste originaire de Beauport.

Baptisé L'heure de vérité en français, The Timekeeper prendra l'affiche vendredi. En 1964, le jeune Martin Bishop (Craig Olejnik) débarque sur un chantier dirigé par un contremaître tyrannique (Stephen McHattie), avec un groupe de durs à cuire embauchés pour construire 52 km de voie ferrée en 52 jours, au beau milieu de la forêt, dans les Territoires du Nord-Ouest.

«C'est un mélange de film d'aventures avec des enjeux moraux et philosophiques, et pas seulement des gars qui luttent pour leur survie dans la forêt. C'est l'histoire d'un jeune qui va devenir un homme sous nos yeux», précise Bélanger, qui lève son chapeau à son équipe, tant les producteurs qui ont assumé le risque de tourner aussi loin, que ceux qui ont construit le décor (des rails en plein bois), sans oublier le directeur photo, Guy Dufaux, inspiré par la beauté des lieux.


NAISSANCE D'UNE AMITIÉ

The Timekeeper a été tourné en anglais pour préserver le sens de la répartie de l'auteur qui, au dire de Bélanger, est un excellent dialoguiste. «L'histoire est en partie autobiographique.

Trevor a véritablement travaillé sur un chantier dans les Territoires du Nord-Ouest à 18 ans», précise le cinéaste, révélant qu'ils sont devenus depuis de grands amis.

«Avant de tourner le film, Trevor m'a amené dans les Territoires du Nord-Ouest, et nous sommes partis à la recherche du camp où il avait travaillé à l'été 1964, l'année de ma naissance. J'avais la sensation de marcher dans le roman avec l'auteur. Il a agi comme consultant et il est venu sur le plateau, à Port-Cartier. Depuis, on se voit régulièrement», ajoute le cinéaste, qui a recruté la crème des acteurs canadiens en plus de Roy Dupuis et de Gaston Lepage pour jouer dans L'heure de vérité.

VARIER LES GENRES

The Timekeeper est, aux yeux de Louis Bélanger, son film le plus audacieux et le plus cinématographique.

«Je continue à apprendre en faisant des films, en essayant des affaires. Après le succès remporté par Gaz Bar Blues, j'aurais pu jouer safe et tourner quelque chose dans la même veine, mais j'aurais eu l'impression de me répéter», révèle le réalisateur, qui signe par ailleurs sa première mise en scène au théâtre, Mort de peine, qui prendra l'affiche au Théâtre de Quat'Sous, le 24 août.

ENSEIGNEMENT


Bélanger accepte de jouer le jeu quand on lui demande de commenter les films qu'il a faits. «Post mortem, ç'a été l'apprentissage, un coup de gueule. Gaz Bar Blues, une ode au monde ouvrier, un hommage aux bonshommes que j'ai côtoyés au gaz-bar de mon père, quand j'étais jeune, et Le génie du crime, une comédie noire que j'ai voulue très slapstick, tournée à l'épaule dans une chambre de motel.»

Quant à Demande à ceux qui restent, dont le tournage débute lundi, c'est un road-movie qui va de Montréal à Kamouraska, qu'il a écrit avec Alexis Martin. Il y tiendra l'un des deux rôles principaux avec François Papineau. C'est l'histoire d'un homme qui perd son enfant de cinq ans alors qu'il en avait la garde.

«Incapable d'assister aux funérailles, il s'enfuit avec un ami d'enfance, ce qui l'amène à retourner au pays de ses ancêtres. C'est un sujet grave, poétique, mais qui parle de la vie», révèle le cinéaste, qui a aussi un projet de documentaire sur le journalisme de la première heure.

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