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Un plan-séquence de 87 minutes improvisé

J'espère que tu vas bien

Publié le 2 juillet 2012
Photo Jocelyn Malette / Agence QMI - Le caméraman Jay Tremblay et les comédiens Marie-Chantal Perron et David La Haye.

MONTRÉAL - David La Haye est le producteur de J'espère que tu vas bien . Un film sur le thème de l'amitié, un seul plan-séquence de 87 minutes sans aucun dialogue écrit au préalable.

Il a fallu beaucoup d'audace à David La Haye pour mener à terme cette idée de faire un long métrage complètement improvisé. Réalisé avec une équipe de six personnes, incluant les acteurs, et un petit budget, le film a été tourné à Pâques, en avril dernier.

La comédienne Marie-Chantal Perron n'a pas hésité une seconde à embarquer avec lui dans cette folie, avec toute la fougue qu'on lui connaît. Ils improvisent donc ensemble, l'histoire de deux personnages, Minou et Dave, qui sillonnent les rues de Montréal à travers une longue conversation.

«Je voulais faire un film sur deux bases, a précisé David La Haye. Premièrement, un film improvisé complètement. Et deuxièmement, un plan-séquence. Je savais qu'aujourd'hui on pouvait avoir les outils nécessaires pour pouvoir faire un film de qualité, en haute définition, qui durerait au moins une heure et demie. J'ai donc appliqué le thème de l'amitié sur ces deux bases. En trois mois et demi, nous avons fait la pré-production, la production, et la postproduction.»

«On savait aussi qu'il fallait avoir des secrets et qu'on se dévoile des choses, pour qu'il y ait un fil. Je savais personnellement que je voulais parler de l'amitié, avec deux personnes qui se rencontrent après dix ans. Et Marie-Chantal a choisi d'y mêler d'autres thèmes aussi. J'avais déjà mon drame en tête, et je savais qu'elle allait le recevoir en pleine face.»

La réelle amitié qui dure entre eux depuis vingt ans sert de toile de fond pour aborder les thèmes de l'amitié et de l'amour perdus. Comme les deux personnages, Marie-Chantal Perron et David La Haye ne s'étaient pas vus depuis une dizaine d'années. C'était d'ailleurs la première fois qu'ils jouaient ensemble.

Malgré que ce soit une oeuvre de fiction, le tandem qu'on voit à l'écran n'est pas si loin de la réalité. Les deux protagonistes ont puisé beaucoup de références dans leur vie personnelle pour meubler le dialogue, comme les partys de jeunesse.

«Marie-Chantal est la seule actrice à qui j'ai pensé, a confié David La Haye. Je voulais avoir la possibilité de rebondir sur des choses que l'on connaît l'un et l'autre. Mais la raison principale, c'est qu'elle a ce que je voulais du personnage, c'est-à-dire le côté compatissant, généreux et empathique. Quand on sait ce qui arrive à mon personnage, ça prend quelqu'un qui a le coeur sur la main. Je n'ai pensé qu'à elle, et elle m'a dit oui dans le même coup de téléphone.»

«J'étais très emballée, a renchéri l'actrice. J'aime beaucoup l'improvisation, j'en ai fait avec la LNI. C'est de l'improvisation vraiment pure, où j'ai vraiment pu me laisser aller. Mais je me demandais si on avait vraiment quelque chose à dire pendant 87 minutes!»

«On s'est rendu compte à quel point l'écoute devient primordiale. Souvent, comme acteur, quand on fait plusieurs fois la même prise, on entend nos partenaires, mais nous n'avons pas une grande écoute comme celle-là», a-t-elle ajouté.

Il n'y a pas seulement les acteurs qui ont fait face à un défi, a expliqué le coréalisateur, Jay Tremblay.

Le film a été tourné avec une Steadicam, avec laquelle il est difficile, d'après les opérateurs, de tenir plus longtemps qu'une vingtaine de minutes sans arrêter. Jay Tremblay ne l'a pas enlevé une fois durant le tournage de 87 minutes.

«J'ai dû marcher à reculons pendant une heure et demie, sans regarder où je mettais les pieds. Je n'ai pas quitté le moniteur des yeux une seconde, a-t-il expliqué. J'avais quelqu'un derrière moi qui m'orientais avec sa main dans mon dos, mais un accident aurait pu facilement arriver.»

Il fallait que tout se déroule sans incident, car sinon, il aurait fallu reprendre du début. David La Haye a ajouté que «Jay improvisait aussi. Autant nous devions être à l'affût des émotions de l'autre, autant nous devions constamment surveiller la technique».

David La Haye en est à ses premiers balbutiements avec ce type de film, qu'il souhaite développer.

«Je ne sais pas si ce sera un J'espère que tu vas bien 2, ou si je vais le transformer en projet pour les jeunes cinéastes et les jeunes comédiens. Pour ce qui est d'une suite pour Dave et Minou, tout est possible avec ce qu'ils vivent», a-t-il conclu.

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