
Comme la majorité des remises de prix, la Soirée des Jutra livre, année après année, son lot de surprises et de moments bizarres. Des victoires qu'on n'attendait pas à la guigne qui s'acharne sur certains artisans de notre cinéma, il y a de quoi satisfaire tous ceux qui réclament un peu de piquant.
Voici donc quelques-uns des faits insolites qui ont marqué la cérémonie.
L'année de la femme?
D'abord, en 10 années d'existence, la Soirée des Jutra n'a toujours pas permis à une femme de rafler la statuette récompensant la meilleure réalisation! Malgré la présence de cinéastes féminines de talent, aucune n'a eu la chance de recevoir cet honneur. La 11e sera-t-elle la bonne? Il n'y a que Lyne Charlebois, avec son film Borderline, qui puisse mettre fin à cette longue période de disette.
La guigne pour ces messieurs aussi
Certes, François Girard, Louis Bélanger, Denis Villeneuve, André Turpin, Ricardo Trogi, Denys Arcand, Francis Leclerc, Jean-Marc Vallée, Philippe Falardeau et Stéphane Lafleur ont tous vu leur travail à la réalisation être récompensé d'un prix. Mais, peu importe le nombre de nominations, ils n'ont pas été en mesure de crier victoire une seconde fois. Et ce n'est pas cette année que cela changera.
Des actrices fort appréciées
Par contre, s'il y a une catégorie où les gens appelés à voter aux Jutra ne se sont pas gênés pour récompenser à plus d'une reprise les meilleures de notre cinéma, c'est bien celle qui souligne le travail de la meilleure actrice. Au cours des 10 premières éditions, seules 7 femmes sont montées sur scène pour aller chercher le convoité prix. La raison? Karine Vanasse, Marie-Josée Croze et Élise Guilbault ont toutes trois gagné deux fois.
Des Boys en or
Si la popularité du hockey au Québec n'est plus à démontrer, et cela vaut également pour les Boys, cette équipe dirigée de main de maître par Stan. Au cinéma, la cote d'amour du public à leur égard est inébranlable. En 1999, en 2000 et en 2002 – les première, deuxième et quatrième années des Jutra – les trois premiers volets de la lucrative série ont permis à leurs producteurs de mettre la main sur le Billet d'or, trophée décerné au film ayant obtenu les meilleures recettes en salles. Vous avez dit populaires?
Maîtres à l'étranger
On vante souvent les mérites de notre cinéma à l'étranger. Une œuvre qui a laissé son empreinte au niveau international est à n'en pas douter Les invasions barbares. Non content de rafler l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2004, le long métrage de Denys Arcand a été récompensé non pas une mais deux fois – et de suite – du Jutra décerné au film s'étant le plus illustré à l'extérieur du Québec, soit en 2004 et en 2005. La folie C.R.A.Z.Y. s'est, elle aussi, propagée à l'extérieur de la province, la réalisation de Jean-Marc Vallée se voyant attribuer cette récompense en 2006 et en 2007.
Cinq lettres: C.R.A.Z.Y.
Véritable raz-de-marée, le film C.R.A.Z.Y. est, de plus, le seul dans la jeune histoire de la Soirée des Jutra à avoir gagné dans chacune des catégories pour lesquelles il avait été mis en nomination. Lors de la huitième édition qui a eu lieu en 2006, le long métrage mettant en vedette Marc-André Grondin et Michel Côté a reçu un record de 15 prix, dont le Billet d'or. Deux maigres prix ont été distribués à d'autres.
Quand la voix nous abandonne
Il y a de ces jours où il vaut mieux en rire. C'est sûrement ce que s'est dit Roy Dupuis en se levant, le jour de la septième Soirée des Jutra. Ayant presque perdu l'usage de sa voix, l'acteur a dû venir remettre un prix à la meilleure actrice de soutien avec Jean-Nicolas Verreault. De plus, il a été forcé de livrer un discours à la suite de sa victoire dans la catégorie du Meilleur acteur de soutien grâce à sa solide interprétation dans Mémoires affectives.
Le tigre et Patrick Huard contre les seins de Lucie Laurier
Lors de cette même édition de la Soirée des Jutra Patrick Huard faisait ses premières armes en tant qu'animateur du gala. S'il n'a pas fait très bonne impression – notamment en offrant au public un numéro avec son personnage Tiger –, on ne peut en dire autant de Lucier Laurier. L'actrice a ébloui l'assistance en s'y présentant vêtue d'une robe moulante au décolleté très prononcé. Entre Patrick Huard et elle, on sait bien qui a trouvé le moyen de laisser un souvenir impérissable...
Lequel est le meilleur?
On dit souvent que la compétition est féroce aux Jutra dans la catégorie récompensant les acteurs, mais il est, semble-t-il, encore plus difficile de choisir le meilleur documentaire. En effet, lors des sixième et huitième éditions de l'événement, deux documentaires ont été sacrés ex-aequo.
L'importance des costumes et du maquillage
Parce qu'elle existe aujourd'hui, on a tendance à oublier que ce n'est pas avant 2004 que costumiers et maquilleurs ont eu droit eux aussi à une marque de reconnaissance. Avant cette sixième édition de la Soirée des Jutra, on n'a pu récompenser les créateurs des vêtements de Pierre Lebeau dans Séraphin - Un homme et son péché et du maquillage des artistes du Cirque du Soleil dans Allegria.
Enfin des cheveux!
Enfin, aussi surprenant que cela puisse paraître, il a fallu attendre une année de plus pour que les coiffeurs fassent leur entrée aux Jutra. Dire que personne n'a pu reconnaître tout le travail de professionnel effectué sur la tête de James Hyndman dans Souvenirs intimes...