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Pierre Patry n'est plus

Publié le 17 juin 2014
Québec Cinéma - Claude Fournier rend hommage à Pierre Patry, décédé le 7 juin dernier à l'âge de 81 ans.
Pierre Patry était un homme d'action avant tout. Avant d'être acteur, homme de théâtre, cinéaste, producteur, professeur etc. etc., car il a été tout cela à la fois et parfois même tout en même temps. Je l'ai connu lorsqu'il s'est amené à l'Office national du film, à Montréal, de son Outaouais natal, en 1957, pour apprendre lui aussi le cinéma.

Mais comme pour certains d'entre nous, à l'ONF ça n'allait pas assez vite à son goût. J'ai écrit dans À force de vivre, mes souvenirs, avoir été forcé de démissionner de l'ONF, en 61, parce qu'on ne me donnait pas le droit de faire plus qu'un documentaire par année, quitte à glander la moitié du temps. À l'ONF, c'était un peu comme avec Téléfilm et la Sodec: chacun son tour!

Cela ne faisait pas l'affaire de Pierre Patry, qui a quitté l'institution pour démarrer Coopératio, en 1964, une compagnie de production indépendante avant même que n'existe quelque aide que ce soit de l'État. C'était utopique, mais qu'importe Pierre s'est lancé dans l'aventure tête première et cinq ans plus tard, il dut jeter la serviette. Du cinéma de long métrage, sans aide de l'État, c'est impossible ici comme à peu près dans tous les autres pays du monde. À force de poignet et d'énergie, en tirant sur toutes les ficelles, Pierre a tout de même réussi à produire six longs métrages dont trois qu'il a réalisés lui-même. Les autres le furent par Michel Brault, Jean-Claude Lord et Arthur Lamothe. Le Trouble-fête, La corde au cou, Caïn et Poussière sur la ville ont jusqu'ici été numérisés et restaurés par Éléphant et sont disponibles sur illico et prochainement aussi sur iTunes.

Pierre a ensuite un peu délaissé le cinéma parce que je crois que ça n'allait vraiment pas assez vite à son goût et que c'était, comme j'ai dit, un homme d'action. Son énergie, il allait maintenant la dispenser dans les milieux universitaires, les communications et la télévision, en fondant entre autres le Canal Savoir.

Pierre Patry n'a pas toujours reçu de ses collègues ou des institutions la reconnaissance qu'il aurait méritée, mais, sur le tard, on s'est repris un peu: il a reçu un doctorat honorifique de l'Université Laurentienne de Sudbury, il a été agréé par la Compagnie des Cent-Associés et il a été décoré de l'Ordre des francophones d'Amérique, à l'Assemblée nationale.

Pour en savoir plus long sur Pierre, il y a sur Wikipedia un résumé de sa vie plutôt bien fait. Moi, je ne peux que témoigner d'une grande amitié que j'éprouvais pour lui et du courage qu'il a dû déployer comme pionnier de notre cinéma dont il a été un peu le «trouble-fête» d'une industrie qu'il aurait bien aimé mettre sur pied, à sa façon, et dans un esprit de coopération peut-être un peu trop angélique.

Le cinéma s'accommode mal de l'angélisme.

Pierre laisse dans le deuil cinq enfants: Johanne Patry, Marc, Stéphane, Sylvain et Nathalie Beaulieu. Je leur offre mes sympathies les plus sincères. Les funéraillles de Pierre seront célébrées à l'église Saint-Michel de Vaudreuil, à 10 heures du matin, le 5 juillet.


Claude Fournier

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