

C’est avec beaucoup de plaisir qu’Éléphant présentera, le 11 février à 18h à la Cinémathèque québécoise, la version restaurée d’un des grands films de Denys Arcand des années 1970 qui fête cette année ses 50 ans : Gina (1975).
Après La maudite galette (1972) et Réjeanne Padovani (1973), deux films salués par la critique qui explorent l’univers du crime, Arcand poursuit dans cette veine et propose un film au scénario original qui mélange des éléments de faits divers et des expériences vécues lors du tournage de son documentaire controversé sur l’industrie du textile On est au coton quelques années plus tôt.
Dans La Presse du 25 janvier 1975, Luc Perreault parle de Gina en ces termes :
« Avec “Gina”, Arcand a puisé dans ses souvenirs de documentaliste. L’idée du film lui est venue à l’occasion du tournage de son long métrage interdit, “On est au coton”, alors que, séjournant dans un hôtel de Coaticook avec le caméraman Alain Dostie et l'ingénieur du son Serge Beauchemin (qui restent encore aujourd'hui ses plus proches collaborateurs), il fit la connaissance d’une strip-teaseuse appelée Brigitte. Lentement a germé l'idée de faire un film sur les hôtels de province. Deux faits divers sont venus par la suite étoffer le personnage de la danseuse: le premier, survenu dans la Beauce, avait trait au viol d’une danseuse pur un groupe de motards: le second, qui s’est déroulé à Thetford, portait lui aussi sur le viol d'une danseuse (à gogo) par huit individus.
«À ces faits divers qui constituent l’argument principal de “Gina”, Arcand a greffé des éléments purement autobiographiques afin, explique-t-il, de s’impliquer davantage dans son film de façon à lui faire perdre ce côté dégagé et distant qui est la marque du documentaire. C’est ainsi que toute la première partie emprunte des détails tirés directement d’“On est au coton”, le film qui n’a jamais bénéficié d’une diffusion officielle — bien que sous le manteau il ait été vu par à peu près tout le monde — décrivait le milieu du textile et rapportait sous forme d’interviews le témoignage pathétique de travailleurs de cette industrie.
«Retenant quelques-uns de ces témoignages, Arcand les fait interpréter dans “Gina” par des comédiens, allant même jusqu’à créer les personnages des trois cinéastes et de leur producteur faisant un documentaire pour l’Office national du cinéma, film, qui on s’en doute, sera interrompu dans “Gina” comme dans la réalité: par suite d'une décision du commissaire.»

Denys Arcand avait 33 ans lorsque Gina est sorti sur les écrans. Il était alors considéré comme un des grands espoirs du cinéma québécois, ce que sa carrière subséquente allait confirmer de façon magistrale.
Déjà à cette époque, il n’hésitait pas à engager des vedettes populaires qui n’étaient pas associées au cinéma. Ainsi, Céline Lomez était connue comme chanteuse, et Claude Blanchard, lui aussi chanteur et danseur, était une vedette comique de la télévision.
La distribution du film, remarquable, comprend aussi Frédérique Collin, Serge Thériault, Gabriel Arcand, Paule Baillargeon, Jean-Pierre Saulnier, Roger Le Bel et Donald Lautrec.
Le film contient des scènes d’action qui ont marqué le cinéma québécois, comme la fameuse poursuite en motoneige, toujours aussi enlevante 50 ans plus tard.
SYNOPSIS
Une danseuse, Gina, va remplacer une collègue dans un petit hôtel de province. Elle fait connaissance avec des cinéastes d'un organisme gouvernemental venus tourner un documentaire sur une usine de textile. Le soir de son premier spectacle, Gina est agressée et violée par une bande de motoneigistes. Elle fait appel à son imprésario qui s'amène avec des fiers-à-bras pour exercer une dure vengeance. Pendant ce temps, les autorités de l'usine obtiennent l'arrêt du tournage du film.