

C’est avec autant de plaisir que d’émotion qu’Éléphant présentera à la Cinémathèque québécoise la version restaurée d’Elvis Gratton le King des Kings, un des films les plus marquants du cinéma québécois, en hommage à son interprète principal, Julien Poulin qui nous a quittés au tout début de l’année. La projection aura lieu le 17 mars à 18h en présence de Manon Leriche, la veuve de Pierre Falardeau, et sera précédée du court métrage Speak White, réalisé par Falardeau et Poulin.
Militant actif pour la justice sociale et pour l’indépendance, Julien Poulin sera à jamais associé à Elvis Gratton, le personnage iconique qu’il a créé avec son complice Pierre Falardeau et qui a marqué l’imaginaire collectif. Année après année, Elvis Gratton le King des Kings, le long métrage paru en 1985 qui rassemble trois courts métrages réalisés par le tandem, compte parmi les trois films les plus regardés de notre répertoire de films restaurés. Certaines répliques du garagiste de Brossard adorateur de la culture américaine font désormais partie de la culture populaire.

C’est au Collège de Montréal que Poulin et Falardeau se sont rencontrés. Au fil des années, ils ont développé une grande complicité et se sont accomplis dans des métiers artistiques. Après quelques années à faire du documentaire, Pierre Falardeau a décidé de passer à la fiction afin de rejoindre un plus grand nombre de personnes et aussi parce qu’il souhaitait faire jouer son ami Julien Poulin.
Dans une entrevue de fond qu’elle nous a accordée il y a quelques années, Manon Leriche, la veuve de Pierre Falardeau, explique comment le film est né et comment le personnage de Julien Poulin a évolué.
«Le premier Gratton est né d’un concours à Radio-Québec. Ils donnaient de l’argent à des gens qui voulaient commencer pis tu faisais un court métrage. C’est comme ça que la première demi-heure de Gratton est née. C’était au lendemain du référendum, pour montrer leur écoeurement, leur dégoût, ils étaient déprimés.
«Il y a aussi que Poulin voulait jouer, voulait être acteur. Ils se sont mis à penser à un personnage qu’il pourrait jouer. Au départ, c’était quelque chose de dramatique, c’était un gardien de nuit qui avait une vie triste, pauvre, plate. Il se mettait à exister le soir quand il arrivait chez eux parce qu’il imitait Elvis Presley.
«Tranquillement, ils se sont dit ''pourquoi on met un gars si déprimant?'' et ça s’est transformé en une espèce de petit bourgeois de Brossard qui rêve aux États-Unis, qui rêve de devenir Américain, qui trouve que sa culture vaut rien.»

On le sait, si l’intention de départ des coréalisateurs était que les gens détestent le personnage, c’est plutôt le contraire qui s’est produit. Même si les gens ne saisissaient pas toujours la critique virulente derrière Elvis Gratton, l’impact du film sur l’imaginaire québécois a été énorme et reste encore aujourd’hui très important.
SYNOPSIS
Propriétaire d'un garage et habitant la banlieue, Bob Gratton ne se réalise pleinement que lorsqu'il prend les traits et les habits du «King», Elvis Presley. Le film réunit trois courts métrages et utilise la caricature afin d’offrir une critique virulente de la pensée politique conservatrice d’une certaine catégorie de Québécois qui délaissent leur identité au profit du conformisme à une idéologie dominante.

Julien Poulin (1)
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