Un road-movie entre drame et comédie
En terrains connus
Publié le 16 mars 2010«Famille, hiver, science-fiction, drame, comédie, destin» : ce sont d'emblée les mots utilisés par Stéphane Lafleur pour décrire l'univers de son deuxième film, En terrains connus. À deux jours de la fin du tournage, le réalisateur a proposé aux médias, lundi matin, une visite du plateau, situé dans un centre d'achat montréalais.
Dans un scénario prenant peu à peu des airs de road-movie familial, Benoit (Francis La Haye) et sa soeur Maryse (Fanny Mallette), en route vers la campagne, font une halte dans un centre d'achat désert. «Avec Stéphane Lafleur, rien n'est gratuit. Cette halte-là va donc donner accès à l'intériorité des personnages», précise Fanny.
«Benoit vient un peu perdre du temps parce qu'il sait quelque chose de grave que sa soeur ignore. Un homme venu du futur l'a informé qu'ils auraient un accident», mentionne Francis au sujet de la scène et de son personnage, qu'il qualifie d'ailleurs d'adolescent attardé. «C'est un gars qui a plein de bonnes volontés, mais il ne fait jamais les bons moves au bon moment.»
Plus terre à terre, Maryse, une femme dans la trentaine, mène quant à elle une vie bien ordinaire jusqu'au jour où un accident survenu à l'usine de boîtes de cartons où elle travaille la bouleverse. «C'est une fille qui ne s'en laisse pas imposer, mais on la prend dans un moment de vulnérabilité», raconte Fanny.
Entre ces deux personnages se glisse Alain (Sylvain Marcel), conjoint de Maryse, «le type d'homme qui manque de colonne, du propre aveu du comédien. Il est super fin avec Maryse, mais il ne sait pas quoi faire avec son drame à elle.»
«Le scénario est trompeur parce que lu au premier degré, ça prend des airs de drame, mais pris au deuxième et troisième degré, c'est une comédie très drôle. C'est complètement absurde.»
Les comédiens en terrain connu
Le titre du film semble également prendre tout son sens pour le réalisateur, qui travaille avec sensiblement la même équipe technique que celle de son premier long métrage. Fanny ainsi que Francis ont également tous deux participé à Continental, un film sans fusil, respectivement dans la peau de Chantal et au bruitage.
Épatée par l'univers du réalisateur, Fanny a d'ailleurs accepté sans aucune hésitation ce second mandat auprès du réalisateur: «Je n'aurais jamais dit non à un deuxième film avec Stéphane. Je remercie le ciel à chaque jour d'y tenir un rôle. Je savais aussi que tourner avec lui est une expérience hors du commun.»
«Il y a des cinéastes qui espèrent toute leur vie trouver les bons collaborateurs, confie le réalisateur. Je les ai trouvés lors du premier film, ce qui fait que c'est un plaisir de se revoir. J'ai l'impression qu'on continue de développer ce travail d'équipe. Certaines personnes ont des espèces d'auras naturels. C'est le cas de Fanny et Francis. Ce sont des gens qui dégagent quelque chose d'indescriptible.»
La rançon de la gloire
Continental, un film sans fusil, mettait à l'avant-plan un jeu physique où les images parlent davantage que les personnages; l'histoire prend cette fois-ci vie à travers des dialogues. «On reconnaît la signature, l'univers, mais je me suis imposé ce défi. Techniquement, c'est un film plus découpé où il y a plus de dialogues. C'est difficile. Il y a beaucoup plus de doute quand on tourne des scènes dialoguées», mentionne Stéphane, également parolier pour le groupe Avec pas d'casque.
Sa première oeuvre ayant été maintes fois primée - il a, notamment, remporté le prix Jutra du Meilleur film - une indéniable pression repose sur les épaules du réalisateur. «J'essaie de ne pas trop y penser. On a commencé le tournage avec les événements d'Haïti. Ça relativise les choses. C'est stressant, il y a beaucoup d'heures de travail, mais on le fait avec tout notre amour et notre passion. La planète ne tourne pas autour de moi.»
En terrains connus prendra l'affiche au courant de l'année 2010.