Deux êtres passionnés
Claude Fournier et Marie-José Raymond
Publié le 15 novembre 2010Claude Fournier et Marie-José Raymond ont le cinéma québécois dans le coeur. Le projet Éléphant dont ils ont hérité les occupe à temps plein.
«On a l'impression de redécouvrir de grands trésors», confient les deux créateurs. La tâche est énorme. Il leur faut négocier les droits, trouver les perles rares souvent bien cachées et oubliées dans des tiroirs et placards. Sans ce projet, le patrimoine du cinéma québécois serait resté lettre morte.
«Le constat est catastrophique: 90% du cinéma muet américain est disparu à jamais, 50% du cinéma parlant américain, tourné avant 1950, est aussi disparu à jamais. Nous pouvons extrapoler que ce diagnostic funeste vaut pour toutes les autres cinématographies. Pareilles statistiques sont la preuve évidente de l'indispensabilité du travail d'Éléphant, mémoire du cinéma québécois», exprime Claude Fournier.
Il aime rappeler que ce projet est unique au monde et fait déjà des jaloux. «La ministre du gouvernement français qui s'occupe du digital, madame Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'État chargée de la prospective et du développement de l'économique numérique, et Alain Juppé, que nous avons rencontrés fortuitement à Bordeaux, ont été tous deux fascinés par le projet Éléphant et surpris que ce soit l'initiative d'une entreprise privée», indiquent Marie-José Raymond et Claude Fournier.
Mais attention, c'est un travail de moine. «Il nous faut récupérer les droits, respecter les oeuvres, mais ce sont de véritables bijoux que nous avons entre les mains et à qui nous redonnons vie. C'est le visage de notre Québec d'hier qui refait surface sur le grand écran. C'est aussi un vrai bonheur toute cette opération», indique avec une voix enthousiaste Marie-José Raymond.
VERS L'AVENIR
Claude Fournier parle alors d'avenir et voit encore plus grand.
«Jusqu'à maintenant, Éléphant n'est disponible que sur illico. Mais devant son immense succès, la prochaine étape sera d'arriver à des ententes avec toutes les sociétés qui offrent le service de vidéo sur demande, ce qui permettra une diffusion du patrimoine cinématographique sur l'ensemble du territoire.»
Et d'ajouter Marie-José Raymond: «La technologie nous permet de rendre nos films éternels; c'est tout de même merveilleux!»
Un animal fut choisi comme symbole parce qu'au départ, le projet devait avoir «un caractère ludique et facilement identifiable», indique Claude Fournier. L'éléphant réputé pour sa mémoire allait de soi. Marie-José Raymond évoque un contenu pour chaque film.
«Il y a une entrevue originale et exclusive, tournée en HD, pour situer le film dans son contexte; une bande annonce de l'époque est restaurée et numérisée en HD; l'affiche du film est numérisée en haute définition; chaque film est encodé pour les malentendants.»
«Ces oeuvres cinématographiques devaient sortir des placards et vivre aujourd'hui. Ce travail est très gratifiant», concluent Marie-José Raymond et Claude Fournier.