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Faire le deuil à sa façon

Une vie qui commence

Publié le 17 janvier 2011
© Jean-François Desgagnés / Agence QMI - Michel Monty
Homme de théâtre, metteur en scène reconnu, Michel Monty fait le saut au grand écran avec Une vie qui commence, un premier long métrage inspiré de sa propre enfance marquée par la mort de son père.

Le cinéaste de 46 ans en avait à peine trois quand son père s'est écroulé devant ses yeux. Une scène qu'il a reproduite dans son film. Pourquoi avoir choisi d'exposer ce drame au cinéma, dans une première oeuvre? Parce qu'il le fallait, répond tout simplement Michel Monty.

«À un moment donné en création, et je pense que c'est vrai pour beaucoup de romanciers, de cinéastes, de poètes ou de chansonniers; les choses apparaissent comme une nécessité. Tu n'as pas le choix de le faire. Je sentais que cette histoire pouvait faire un film qui allait toucher les gens.»

Une vie qui commence, qui prend l'affiche le 21 janvier, nous présente d'abord une famille heureuse. Jacques Langevin, le papa omnipraticien (François Papineau), Louise, la maman au foyer (Julie Le Breton) et les trois enfants s'apprêtent à partir en vacances à la plage, dans les folles années 1960.

Mais Jacques souffre d'une dépendance aux médicaments et est foudroyé par un arrêt cardiaque à la suite d'une surdose. Pendant que la mère efface du mieux qu'elle peut le souvenir de Jacques, son fils aîné, Étienne, fait tout son possible pour le garder bien vivant, allant jusqu'à porter quotidiennement le veston que lui a acheté son père avant de mourir et pigeant dans la boite de pilules sur laquelle il a pu mettre discrètement la main.

LE VRAI ET LE FAUX

Même s'il a puisé à fond dans la boîte à souvenirs et les témoignages de gens qui ont connu son père, Michel Monty a pris soin de ne pas transformer son film en autobiographie. Du coup, l'oeuvre comporte sa part de fiction.

«C'est vrai que j'ai vu mon père mourir. Il y a aussi le milieu qui est dépeint, celui des grands-parents, un peu rigide, le fait que nous étions trois enfants, que ma mère a dû se reconstruire une vie et assumer le rôle de pourvoyeur. Elle s'est mise à travailler à une époque où peu de femmes travaillaient.»

Vrais aussi la peine et le manque qui ont habité les trois gamins Monty. Tout le reste, notamment les actions que pose Étienne ainsi que les traits de caractère des personnages principaux sont de la fiction, affirme le cinéaste. C'est ce qui explique pourquoi il n'a pas eu à obtenir l'approbation des siens pour aller de l'avant.

DES VISAGES QUI DÉGAGENT

«Je leur en ai parlé, mais comme mes grands-parents sont morts depuis longtemps, que le personnage de Julie n'est pas ma mère et que le petit gars n'est pas mon frère, je n'ai pas eu à leur faire lire le scénario ou le faire approuver. Si ça avait été collé de A à Z sur la réalité, peut-être. Mais il n'était pas question de ça. Je pense qu'ils étaient tous contents que j'écrive cette histoire parce que c'est une manière de faire le deuil.»

Au chapitre de la distribution, Michel Monty s'est surtout attardé à trouver des acteurs dont la bouille évoquait facilement les années 1960.

«Au cinéma, explique-t-il, on cast des personnages. Au théâtre, on cast des acteurs. La différence, c'est qu'au cinéma, on va prendre des acteurs en fonction de ce qu'ils dégagent à cause de la forme de leur visage, de leur morphologie. Dans le cas de Julie Le Breton, je voulais l'épouse idéale des années 1960. Tu l'habilles dans ces années-là et tu n'as aucun effort à faire pour croire qu'elle vit dans les années 1960. Tandis qu'une autre actrice, qui pourrait être tout aussi bonne, à l'état naturel, n'aurait pas exprimé la même chose. Elle a de grands yeux ronds et elle dégage une certaine naïveté au début du film.»

Même chose pour Raymond Cloutier, qui campe le grand-père sévère et peu compatissant. «Tu lui mets un costume, un chapeau d'époque, tu lui dis de ne pas sourire et d'être un peu bête et c'est fait. Rita Lafontaine (la grand-mère), je voulais qu'on l'aime. Et Rita, on l'aime sans effort. Elle dégage une sympathie naturelle. À ce moment, 80% du travail est fait.»
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