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1987: l'adolescence à la sauce Ricardo
Publié le 3 août 2014Si l'année des 17 ans peut parfois être pénible, certains adolescents, comme Ricardo (Jean-Carl Boucher), ont des problèmes qui prêtent à rire. Bienvenue en 1987, comédie québécoise de l'été, suite tout aussi réussie que 1981.
Ce n'est pas parce que le jeune Ricardo - l'alter ego cinématographique de Ricardo Trogi, qui a écrit et réalisé ce long métrage - vient de terminer son secondaire qu'il est au bout de ses peines. Loin de là! Ses hormones le pressent de coucher avec sa petite amie, ses parents exigent qu'il se trouve un emploi et il n'aimerait rien tant que de pouvoir entrer au Dagobert, LE bar de Québec.
Que fait donc Ricardo? D'un côté, il décide de voler et de revendre des autoradios afin d'atteindre son rêve, celui d'ouvrir une discothèque pour les 14-18 ans. Et de l'autre, il rompt avec sa petite amie qui a fait les yeux doux à un étudiant du CÉGEP.
«On ne demande souvent ce qui est vrai et ce qui est inventé. Les moments les plus ?rough' du film sont assez prêts de la manière dont je m'en souviens. Les anecdotes gênantes aussi sont généralement vraies», dit Ricardo Trogi à quelques jours de la sortie de cette suite, présentée cinq ans après 1981.
La scène, vue dans la bande-annonce, dans laquelle la mère (Sandrine Bisson) rentre dans la chambre de Ricardo pendant qu'il s'adonne à un plaisir solitaire est donc tirée des souvenirs du réalisateur. «Oui, elle est vraie. Mais la phrase - «Lâche-toi le moineau!» - est celle qu'a dite la mère de l'un de mes amis. Lui, j'ai hâte qu'il l'entende! Il va virer fou! Mais oui, ça m'est arrivé que ma mère entre dans ma chambre. D'ailleurs, j'avais le même poster [qu'on voit dans le film, sur la porte de la chambre de Ricardo]», se souvient-il en riant.
«Je n'ai plus vraiment de pudeur. Ça ne me gêne absolument pas de raconter des choses, dans la mesure où elles sont arrivées à d'autres gens. Je ne parle pas de deux ou trois autres personnes, mais de quelque chose qui touche une masse de personnes. Oui, voler des radios, ce n'est pas tout le monde, mais vouloir faire l'amour, on est quelques-uns. Chercher un premier emploi, une voie, un chemin, etc. Après 1981, j'ai eu un plaisir fou à faire cela, à emprunter à ma propre vie parce que ça me donne des scènes plus originales.»
Une longue association
1987 a bénéficié d'un budget de 4,5 millions $ et a été produit par Nicole Robert via Go Films, sa boîte de production. Celle qui suit Ricardo Trogi depuis ses débuts - elle était de Québec-Montréal en 2002 -, vante la qualité de ses scénarios. «C'est parfaitement écrit, dit Mme Robert. C'est finement tricoté, tant ses dialogues que ses personnages! Quand nous sommes arrivés devant l'analyste de la SODEC - je crois que c'était pour 1981 -, il a dit à Ricardo: «Félicitations! Avez-vous des questions?». C'est comme cela que ça se passe avec Ricardo.»
Interrogée sur les difficultés que connaît actuellement le cinéma québécois, Nicole Robert explique: «C'est difficile maintenant de financer un film. On reçoit peut-être un peu moins d'argent qu'on en recevait, mais les projets de Ricardo sont toujours financés rapidement, tout le monde veut en faire partie.»
C'est d'ailleurs la trame sonore qui a nécessité des fonds non négligeables. On y entend du Martine St-Clair, du Marillion, du Alphaville et, bien sûr, Come on Feel the Noise de Quiet Riot pour ne citer que ceux-là.
Mais ce n'est pas tout. Comme dans 1981, la recherche d'accessoires d'époque - les fameux jeans Jordache, des autoradios et même une Lada (qui, de l'aveu de toute l'équipe fonctionnait aussi mal, sinon encore plus mal, qu'à l'écran) - a nécessité pas mal de travail.
«C'est le deuxième film que Patrice Vermette fait avec nous. On connaît la réputation de Patrice. Il a été nommé aux Oscars, il travaille avec Denis Villeneuve, il travaille en France, etc., et il est de la même époque que Ricardo. Son équipe et lui sont vraiment des génies. Ce n'est vraiment pas évident de trouver ces objets. Mais ils s'y prennent à l'avance et ont lancé des appels sur Facebook», souligne-t-elle.
Et tant qu'à être dans les souvenirs des années 1980, pensons aux costumes, ou plutôt l'un des costumes que porte Jean-Carl Boucher!
«Mon préféré? Le [smoking] blanc tout simplement parce que ce n'est plus actuel. Tu ne pourrais pas mettre ça en 2014 sans avoir l'air fou! Le fait de pouvoir mettre ça, d'avoir l'air fou, mais pour une bonne raison et d'avoir la permission de porter ça était un privilège!», a confié le comédien, qui n'a pas connu cette glorieuse époque.
Et, anecdote amusante, le jeune acteur a eu droit à un cadeau bien particulier après le tournage de 1987. «Je suis quand même petit et eux [NDLR: Laurent Christophe de Ruelle, Pierre-Luc Funk et Simon Pigeon qui incarnent ses amis] sont plus grands que moi. Ricardo, dans la vie, est très grand, il ne fallait donc pas que j'ai l'air trop petit. J'avais donc des souliers avec des espèces de semelles, qui me grandissaient. Et ils m'ont envoyé mes chaussures à la fin du tournage, juste pour me rappeler ma condition!»
1987 est présenté en primeur lors du Festival Fantasia le 4 août prochain avant de prendre l'affiche dans l'ensemble de la province le mercredi 6 août.