Les dernières fiançailles présenté à la Cinémathèque québécoise le 12 décembre

Comme dernière projection de l'année, Éléphant présentera la version restaurée des Dernières fiançailles (1973), un magnifique film de Jean Pierre Lefebvre dans lequel un couple de septuagénaires (magistralement interprété par J.-Léo Gagnon et Marthe Nadeau) vivant ensemble à la campagne depuis plus de 50 ans doit faire face à des problèmes de santé qui les mènera au bout de leur long chemin commun. La projection aura lieu le mardi 12 décembre à 18h à la Cinémathèque québécoise et vise entre autres à souligner les 50 ans du film.

Figure importante du cinéma québécois, Jean Pierre Lefebvre est un cinéaste prolifique qui s'est investi au cours de sa carrière dans toutes les sphères de la production cinématographique. Acteur, scénariste, réalisateur et producteur, il a donné naissance à près de 30 longs métrages, dont une vingtaine entre 1964 et 1984; onze d'entre eux ont été présentés au Festival de Cannes dans différentes sections, dont Les dernières fiançailles à la Quinzaine des réalisateurs. Le film a aussi remporté le Grand Prix de l'OCIC (Organisation Catholique Internationale de Cinéma).

De l'avis de plusieurs cinéphiles, Les dernières fiançailles est un des longs métrages les plus réussis et touchants de Lefebvre. Cinquante ans plus tard, il est intéressant de replonger dans ce que le réalisateur avait à dire au sujet de son oeuvre. Ainsi, en octobre 1973, dans Cinéma Québec (Volume 3 numéro 2), il nous disait : 

«Les dernières fiançailles disent la vieillesse, disent le temps libéré de l'espace de vivre: la mort. Car Rose et Armand sont à quelques minutes de la mort, sont, en même temps, à cinquante ans de leur amour. Donc, ici, tout est cinéma, et rien ne l'est. Il faut oublier qu'on regarde, et se laisser regarder, se laisser ouïr. En somme, oublier qu'on est spectateur. En somme, reconquérir la tendresse et le sens du destin des hommes qui n'ont jamais changé et ne changeront jamais, sinon de manière circonstancielle. Donc, Les dernières fiançailles n'appartiennent à personne: elles sont vécues par tous, de façon simple (mais imperturbable) et quotidienne (mais pourtant éternelle).»

Quelques mois plus tard, encore dans Cinéma Québec (Volume 3 numéro 4), il revenait sur son expérience de tournage :

«Tu vois, ce qu'il y a de fantastique avec Les dernières fiançailles, c 'est que ça a été une expérience absolue. L'équipe de tournage avait une moyenne d'âge de 26-27 ans. C'était tous de jeunes techniciens qui devaient travailler avec de vieux comédiens. Et le fait que cette équipe ait été capable de travailler avec des comédiens de cet âge-là, le fait qu'à 29 ans j'aie pu commencer à écrire un sujet aussi loin de moi et que j'aie été capable de l'objectiver, le fait enfin que j'aie pu faire passer ce sujet par une équipe et par des comédiens qui y ont ajouté des milliers de détails; alors je dis moi que cette expérience est peut-être l'expérience la plus pure qu'il y ait eue dans toute l'histoire du cinéma québécois. Je suis peut-être très prétentieux en disant cela, mais ne serait-ce qu'à un niveau purement analytique, si tu prends les éléments en place au départ, tu te dis que ce n'est pas possible de faire un tel film. Ca a été d'ailleurs la réaction de la SDICC. Et je me disais souvent que peut-être un tel film était vraiment impossible à faire. Et je crois que si Les fiançailles n'avait pas été un cadeau de naissance à mon fils Biaise, je crois que je n'aurais peut-être pas eu la force de le faire étant donné les difficultés matérielles.»

Les dernières fiançailles est disponible sur le site web d'Éléphant ainsi que sur les plateformes de Vidéotron et d'Apple.

Deux vieux très dignes qui vivent dans leur maison à la campagne. Deux amoureux très tendres, avec leurs petits gestes quotidiens, leurs souvenirs qui font sourire et qui font mal. Deux vieux amants qui s'amusent ou se réconfortent et qui s'envoleront main dans la main, comme «sur les ailes d'un ange». Un drame plein de poésie et de douceur où les valeurs traditionnelles sont illustrées avec un grand respect.