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Maudite poutine : regarder le film avec son corps
Publié le 17 octobre 2016Le cinéaste québécois Karl Lemieux a mis près de sept ans à terminer l'écriture de Maudite poutine. Il s'agit du premier long métrage du réalisateur qui a signé plusieurs courts, dont Passage (2008) et Trains (2011).
Canoe.ca a discuté avec cet amoureux des arts visuels ainsi qu'avec les deux acteurs principaux, Jean-Simon Leduc et Martin Dubreuil, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma (FNC) de Montréal, où le film a été présenté.
MAUDITE POUTINE EST L'ABOUTISSEMENT DE SEPT ANS DE TRAVAIL. QU'EST-CE QUI EXPLIQUE CE DÉLAI?
Karl Lemieux: J'ai été très lent pour écrire, quatre ans seul, trois ans avec Marie-Douce (St-Jacques, la coscénariste du film). Mais j'ai fait autre chose durant ce temps (dont des courts métrages), je n'écrivais pas le film à temps plein.
PLUSIEURS QUALIFIENT LE STYLE DU FILM D'«EXPÉRIMENTAL». EST-CE QUE VOUS CROYEZ QU'IL EST ACCESSIBLE À UN LARGE PUBLIC ?
K.L.: Ce n'était pas vraiment le but, mais je suis surpris de la réaction (du public) jusqu'à maintenant. Même que j'ai essayé de garder ça le plus simple possible, concernant la narration et les acteurs, pour ne pas être trop abstrait.
POURQUOI L'UTILISATION DU NOIR ET BLANC?
K.L.: J'adore la photographie en noir et blanc. Et il y a tellement de beaux livres en noir et blanc.
QUE VOUDRIEZ-VOUS QUE LES GENS SE DISENT APRÈS AVOIR VISIONNÉ MAUDITE POUTINE?
Martin Dubreuil: Je veux qu'ils se disent qu'on n'en voit pas assez des films qui sortent du lot !
K.L.: Mon idée était de faire un film qui n'existait pas. Je veux que les gens regardent le film avec leur corps et pas juste avec leur tête. Je veux leur proposer une expérience. C'est un peu comme faire de la littérature, mais sous une autre forme.
JEAN-SIMON LEDUC ET MARTIN DUBREUIL, VOS PERSONNAGES SONT ASSEZ SOMBRES (VINCENT ET MICHEL). COMMENT VOUS ÊTES-VOUS PRÉPARÉS ?
M.D.: Nos personnages ont surtout été basés sur les directives de Karl. Le mien a une tendance satanique, il est perdu, isolé. J'ai aussi beaucoup travaillé sur l'aspect «consommation de crack».
K.L.: Et je me souviens que tu lui as même trouvé un signe astrologique!
M.D.: Oui, c'est vrai, je me disais qu'il était Cancer. Ce que je sais des Cancers, c'est qu'ils ont un côté familial développé, de l'orgueil et une difficulté à accepter les refus. Je trouvais que c'est un peu ce qui représentait mon personnage.
Jean-Simon Leduc: De mon côté, je voyais Vincent comme quelqu'un qui n'est pas à la bonne place. Oui il a fait des mauvais choix, des mauvaises choses, mais j'avais l'impression que c'était quelqu'un qui suivait plus ses amis, sans être nécessairement un «suiveux».
COMMENT S'EST PASSÉ LE TOURNAGE ?
J-S.L: Ça s'est déroulé en cinq semaines. On restait tous ensemble sur une base d'un camp musical. Alors ça nous aidait à rester «focus» sur les thèmes du film.
Le film a été présenté au début du mois de septembre à la Mostra de Venise. Parlez-moi de cet événement.
K.L.: C'était une belle expérience. Il y a avait plus de 1000 personnes aux deux projections publiques. Je ne suis pas allé à la deuxième projection, mais il y a quelque chose qui m'a vraiment touché lors de la première. Après le film, les gens ont applaudi assez poliment, puis la plupart des spectateurs sont sortis. Mais un groupe est resté et là, ils m'ont applaudi de plus belle, encore plus chaleureusement. C'était un moment très touchant.
Maudite poutine prend l'affiche au Québec le 27 janvier 2017.