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Rhymes for Young Ghouls : des voix amérindiennes

Publié le 25 janvier 2014
Les Films Séville -

Le réalisateur québécois et mohawk Jeff Barnaby, un habitué des courts-métrages, offre son premier long métrage, Rhymes for Young Ghouls. Et le film a des accents de bande dessinée résolument moderne.

Le scénario, également écrit par Jeff Barnaby, n'a pourtant rien des super héros de Marvel. On y suit Aila (la rayonnante Kawennahere Devery Jacobs, d'ailleurs nommée aux Prix écrans canadiens dans la catégorie de la meilleure actrice), une jeune de 15 ans qui parvient à échapper au pensionnat religieux parce qu'elle verse un pot-de-vin à l'agent du gouvernement chargé de l'institution. Pour se faire du fric, Aila vend de la drogue - du pot -, en plus de prendre soin de son oncle Burner (Brandon Oakes) pendant que son père, Joseph (Glen Gould) est en prison.

Le côté «comic» ne tient pas à l'humour - le film est sans compromis et cru, donc vrai -, mais au visuel, Jeff Barnaby ayant été influencé par la culture populaire contemporaine. C'est ainsi qu'Aila arbore un masque à gaz, que la réserve - le film a été tourné à Kahnawake - a des airs de monde postapocalyptique et que le traitement réservé aux Amérindiens est montré dans toute sa perversité.

«Beaucoup de choses ont été improvisées pendant le tournage. Visuellement, La cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet a été une source d'inspiration. Nous passons, avec mon équipe, beaucoup de temps à visionner des films avant de tourner afin d'avoir des références visuelles», explique-t-il en entrevue à l'Agence QMI.

L'OUBLI

Comment Jeff Burnaby pense-t-il pouvoir rejoindre un large public avec Rhymes for Young Ghouls? «Les Québécois sont plus sensibles à tout ce qui est politique et culturel, les Québécois sont informés. La seule chose [que je trouve dommage], c'est que les premières nations sont absentes de la discussion quand on parle de la culture au Québec. Quand on y pense vraiment, c'est un peu fou. La devise du Québec est "Je me souviens", le nom "Québec" est un mot algonquin [...]. J'ai probablement plus de liens à la culture québécoise que n'importe qui du gouvernement péquiste [rires]. C'est bizarre que le sujet ne soit pas plus abordé. À mon avis, si les francophones devaient se trouver un point commun avec d'autres peuples, ce serait avec ceux des premières nations qui savent exactement ce que c'est que de perdre leurs terres et leur culture.»

Quand il parle de ce qui est arrivé à ses compatriotes, Jeff Barnaby utilise des mots comme «génocide». «Ne pas connaître l'existence des pensionnats, c'est comme de dire qu'on ne sait pas ce qu'est l'Holocauste», dit-il de sa voix, certes mesurée, mais passionnée. Et le combat continue, car, pour le cinéaste, «ne pas connaître l'histoire, c'est courir le risque qu'elle se répète».

Très engagé politiquement, il fait le lien avec l'actualité. «Le gouvernement va-t-il rouvrir les pensionnats demain? Non, pas du tout. Mais on peut toujours ouvrir une exploitation de gaz de schiste sur une réserve, sans se soucier des résidents. L'idée que certaines personnes sont des citoyens de seconde zone est encore d'actualité en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, partout dans le monde.»

C'est pour cela qu'il a tenu à inclure des dialogues en micmac dans Rhymes for Young Ghouls. «Un film ne peut sauver le monde entier. Mais, peut-être qu'un jour cela permettra à quelqu'un de se plonger dans notre histoire, peut-être que cela encouragera quelqu'un à apprendre cette langue.»

La sortie de Rhymes for Young Ghouls devait avoir lieu le 31 janvier. La date a été reportée au mois de février. Consultez votre horaire cinéma pour obtenir la journée précise de la sortie de ce long métrage.

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