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Jacques Godin: «Il y a du bonheur à faire le bien»

La donation

Publié le 2 novembre 2009
© Jean Langevin - Jacques Godin, Élise Guilbault et Bernard Émond

C'est La donation qui ouvrait le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue le samedi 31 octobre.

Mettant en scène Élise Guilbault et Jacques Godin, La donation est le dernier long métrage de la trilogie de Bernard Émond, amorcée avec La neuvaine et poursuivie avec Contre toute espérance.

Dans La donation, on retrouve le personnage de Jeanne (Élise Guilbault), médecin à Montréal. Elle répond à une petite annonce du Dr. Rainville (Jacques Godin), qui officie à Normétal et qui se cherche une remplaçante. Que fera Jeanne? Décidera-t-elle de rester dans la région ou, au contraire, retournera-t-elle en ville?

Jacques Godin, qu'avez-vous aimé du personnage du Dr. Rainville?

J.G.: C'est un personnage très charitable. C'est un homme très près de la douleur puisque c'est un médecin qui a habité dans le petit village de Normétal toute sa vie. Il a, je suppose, sacrifié des choses pour y aller. Il a aussi fait énormément de choses dans ce village où les gens se fient à leur médecin pour tout ce qui touche à leur santé. Le Dr Rainville est un vieux médecin dévoué à ses patients, comme on en trouve moins de nos jours. Je trouvais cet aspect particulièrement intéressant, même si mon personnage est moins important que le sien. [En souriant, il fait un signe en direction d'Élise Guilbault] J'aime bien incarner des personnages qui sont sympathiques comme celui-ci, pas simplement des brutes.


J'aimerais aborder le tournage de La donation qui s'est déroulé à Normétal. La ville est-elle comme ce que Bernard Émond montre dans le film?

É.G. : C'est très fidèle à ce que nous ressentions quand nous étions là-bas.

J.G.: C'est une bonne chose d'avoir fait se dérouler l'action dans un endroit comme celui-là. En tournant dans une vraie clinique et un vrai hôpital, ça modifie considérablement les choses pour un comédien. J'ai, de plus, trouvé le paysage absolument extraordinaire. Le ciel est aussi impressionnant. On s'en va sur une route avec la forêt tout autour et le ciel qui descend en avant... On a l'impression de rentrer dans le décor. C'est vraiment un très beau pays, les gens y sont formidables et sont d'une gentillesse exceptionnelle. Ça vaut la peine d'être vu.


Vous vivez sur place?

É.G.: Bien sûr. Les habitants ont été très accueillants. Ils étaient très touchés que Normétal ait été choisi pour le tournage de La donation. En fait, ce que Jacques décrit, ce paysage qui peut sembler un peu austère, finit par nous courtiser jusqu'à ce qu'on le trouve très beau. La donation, c'est aussi ça. On y trouve des personnages très particuliers, assez singuliers même, à qui on trouve une sorte de beauté et qui se révèlent très dignes. Ce n'est pas joli et ce n'est pas cute, c'est vraiment un regard attentif et patient sur une partie de l'humanité. Il y a, dans La donation, un amour de cette région qui a été économiquement détruite. D'ailleurs, Bernard Émond a écrit son histoire à partir du lieu, ce qui est très différent d'une histoire pour laquelle on trouve ensuite le lieu.


Jacques Godin, votre personnage prononce d'ailleurs une phrase très belle et qui est: «Les jeunes retournent en ville, le bois finit par gagner»...

J.G.: C'est le drame de ces régions-là: les compagnies partent et il ne reste plus rien. Les habitants sont obligés de s'exiler et d'aller travailler loin. C'est très triste; personne ne veut partir, mais ils y sont forcés. Et ils perdent leur histoire, et donc leurs racines.

É.G : Une histoire ornée de tellement de courage et de vaillance.

J.G. : Les habitants ont été plantés là et on leur a dit de se débrouiller. C'est triste et c'est aussi ce qui se produit à beaucoup d'endroits, avec les compagnies qui quittent un lieu parce qu'il n'est plus exploitable. C'est un drame effrayant pour ces régions-là.


Élise Guilbault, dans une séquence du film, votre personnage monte dans un hélicoptère. Avez-vous réellement tourné cette séquence du survol de l'Abitibi?

É.G.: Oui! J'ai adoré mon aventure parce que c'est une manière différente de voir l'Abitibi. J'étais vraiment très heureuse! Mais j'ai le mal des transports et ça m'a un peu brassée. En même temps, ça m'a donné le courage de le faire, comme cela m'arrive souvent avec des personnages! J'ai vu des choses incroyables: le pilote connaissait très bien la région.


À votre avis, en quoi Jeanne a-t-elle évolué depuis 2005?

É.G.: Le désir d'être en vie, et ça c'est énorme [Rires]. Elle évolue parce qu'elle prend le risque de tout quitter, de recommencer et d'employer ses forces d'une autre manière, ce qui demande beaucoup de courage, surtout quand on n'a pas 18 ans. D'autant plus qu'elle quitte un emploi où elle est appréciée pour aller dans un lieu très simple, pour une vie sans éclat et sans artifices. Elle évolue beaucoup puisqu'elle prête l'oreille et s'attarde à cette simplicité qu'elle ne connaît pas. Quelque fois, on la voit plier l'échine parce qu'elle doute, mais pas beaucoup. Elle a une force, une volonté et une grande intégrité. Le silence des régions dresse inévitablement un miroir. Elle est seule avec elle-même et ses démons.

J.G.: Le fait de s'ouvrir aux autres la fait aussi évoluer. Car il y a du bonheur à faire le bien. Aider quelqu'un ou même juste être courtois ou poli, ça fait du bien. Elle soigne des gens qui vont mourir et cela doit lui donner une certaine reconnaissance par rapport à elle-même...

É.G.: Une raison même d'exister. Et ça, c'est ce que le Dr. Rainville fait. Il ne l'entraîne pas, il ne la harcèle pas. Il lui donne sa vie. Elle peut dire non, mais il lui donne sa façon d'être dans ce milieu là. Elle accepte cette donation et le titre prend tout son sens.


La donation prend l'affiche dans les cinémas du Québec le 6 novembre prochain.

 

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