L'alter ego idéal
1981
Publié le 31 août 2009Étonnant dans le rôle du jeune Ricardo Trogi, Jean-Carl Boucher affirme que se glisser dans la peau de celui qui le dirigeait derrière la caméra n'avait rien d'effrayant.
Au contraire, l'acteur, qui vient de fêter son quinzième anniversaire de naissance, soutient que son travail en a été rendu plus facile.
«Quand t'as à jouer un personnage qui n'est plus là, tu ne peux pas t'en inspirer, à part la mémoire des gens. Moi, je pouvais, il était juste derrière la caméra. Je n'ai pas eu à faire de recherches. Je n'avais pas besoin de poser des questions. Je n'avais qu'à le regarder pour comprendre. Il y a une scène où je mange du poulet frit. Sur le plateau de tournage, je l'ai vu manger et je me suis dit qu'il devait être comme ça quand il était petit», dit Jean-Carl Boucher, qui affirme s'être reconnu en Ricardo.
«Dans le film, Ricardo vient de déménager dans une nouvelle école. Moi, ça m'est arrivé parce qu'avant, je demeurais en Saskatchewan et je suis arrivé au Québec en deuxième année. J'ai fait la même chose: profiter d'être le nouveau pour mentir à tes amis et avoir l'air plus cool.»
«J'ai eu à peu près la même relation avec mes parents, poursuit l'adolescent. Mon père, c'est celui qui parle le moins, donc j'ai plus de contrôle sur lui. Ma mère, c'est celle qui va m'engueuler quand il le faut. C'était pareil.»
«MEILLEUR DANS LE FILM»
Jean-Carl Boucher affirme avoir développé une belle chimie avec son alter ego. Le résultat à l'écran a fait l'unanimité.
«Quand on a fait le visionnement d'équipe avec ses amis qui l'ont connu à 11 ans, ils m'ont dit que c'était exactement comme ça qu'il marchait, qu'il parlait», analyse-t-il.
«Il a été meilleur dans le film qu'à l'audition. Ce qui m'a le plus marqué, c'est son calme. Il n'est pas nerveux, ce qui est nécessaire quand tu joues. C'est rare qu'ils sont comme ça. D'habitude, les jeunes sont des paquets de nerfs», note Ricardo Trogi, qui n'a jamais songé que le jeune acteur aurait pu être mal à l'aise de jouer devant lui.
«Mais il y a une scène, celle où il se sauve de son père au centre commercial, quand il est arrivé pour la faire, il m'a dit: 'C'est chien ça!' Je l'ai senti plus conscient de ce qu'il était en train de faire et que lui, il ne ferait jamais ça à son père.»
ENFANT DES ANNÉES 2000
Même s'il a apprécié se plonger dans l'atmosphère des années 1980, Jean-Carl Boucher dit encore préférer être un enfant des années 2000.
«J'aime mieux aujourd'hui, parce que tout est plus accessible, plus facile. Je suis quelqu'un d'un peu paresseux. J'aime beaucoup filmer, faire du montage. Tout devait sûrement être plus compliqué à cette époque-là.»
«C'était plaisant quand même de vivre deux bons mois dans une maison avec une tapisserie affreuse, enchaîne-t-il. Affreuse, mais belle en même temps, parce que ça donne une belle couleur au film. Ça m'a permis d'apprendre beaucoup de choses des années 1980. Moi, quand je pensais aux années 1980, c'était vraiment musical. Depuis que j'ai fait le film, j'aime beaucoup Kiss. C'était la première fois que je les entendais. Et je suis allé les voir lorsqu'ils sont venus à Montréal.»
La maman parfaite
Même si elle n'est pas une nouvelle venue, Sandrine Bisson n'est pas encore bien connue du grand public. Tout ça pourrait changer avec 1981.
L'actrice de 34 ans, qui a fait sa marque au théâtre et qu'on a pu voir à la télé dans Les Bougon et au cinéma dans Le survenant et Borderline, notamment, interprète la mère de Ricardo Trogi avec un panache étonnant.
«C'est une copie conforme de la mienne», vante Trogi.
«C'est fou. Tu regardes les photos de l'époque et c'est pareil. J'ai fait l'audition avec cinq filles seulement pour ma mère, mais elle, c'était trop ça. J'ai envoyé un bout d'audition à ma soeur par Internet. Quand elle a vu ça, elle a tripé.»
PAS DE RENCONTRE
Qui plus est, Sandrine Bisson a su trouver le ton juste sans même avoir rencontré Claudette, la mère de Ricardo. Elle affirme d'ailleurs ne pas avoir cherché à le faire.
«Je n'aurais pas aimé la rencontrer avant le tournage parce que j'aimais mieux exister dans l'oeil de Ricardo. Je l'ai vue sur photo quand elle était jeune et, physiquement, ça se pouvait. Je me fiais beaucoup au moment présent. Je sais qu'elle est venue sur le plateau à deux reprises, mais je ne l'ai pas rencontrée», dit celle qui anticipe le moment où elle croisera la femme, aujourd'hui dans la soixantaine.
«J'ai hâte, mais en même temps, je suis un peu effrayée. J'espère qu'elle sera contente.»
FEMME QUI PARLE
Contente ou pas, Sandrine Bisson se dit satisfaite de son travail parce qu'elle croit à son personnage. Elle dit s'en être remise complètement à son réalisateur pour en donner l'interprétation la plus fidèle possible.
«Je me fiais beaucoup à Ricardo. Je lui demandais parfois si j'en mettais trop. Il me répondait: 'non, ma mère, ça peut être pire!' Je me fiais beaucoup à ses commentaires, à ceux des gens qui connaissent sa mère. C'est une femme qui parle, mais on n'est pas obligés de tout entendre ce qu'elle dit. C'est une machine.»
«Chez nous, confirme Trogi, c'est ça qui est con, mon père est Italien, mais il est calme, ne s'énerve jamais. Finalement, c'est ma mère qui se conduit en Italienne et mon père en Québécois.»
FINI LA CIGARETTE
En plus d'avoir adoré son personnage, Sandrine Bisson a une autre excellente raison de garder un bon souvenir du tournage, puisqu'à la suite d'une scène avec Jean-Carl Boucher, elle a pris la décision d'arrêter de fumer.
«On était dans une voiture. Je devais m'allumer une cigarette pour le personnage et les fenêtres devaient être fermées. Quand la scène a été terminée, Jean-Carl m'a demandé d'ouvrir la fenêtre parce que ça puait trop. C'est là que j'ai réalisé comment ça pouvait être épouvantable pour un enfant et j'ai arrêté de fumer ce jour-là.»
L'actrice n'a jamais regretté sa décision, d'autant plus qu'elle a donné naissance, il y a un mois et demi, à un garçon.