La version restaurée de La vie rêvée présentée en grande première le 8 octobre au Festival du nouveau cinéma

Premier long métrage de fiction scénarisé et réalisé par une femme, premier film de l'ACPAV à être sorti en salle, premier film québécois tourné en Super16mm, La vie rêvée (1972), de Mireille Dansereau, marque un moment important de l'histoire du cinéma québécois. Fruit de multiples efforts, le film n'a pas été facile à faire ni à financer. Éléphant est particulièrement fier de rendre accessible cette oeuvre majeure et fondamentale du cinéma québécois féminin, une oeuvre à découvrir ou à redécouvrir pour qu'enfin elle soit reconnue à sa juste valeur. Le film sera présenté au Cinéma Impérial le 8 octobre à 17h30 dans le cadre du Festival du nouveau cinéma et sera  disponible plus tard cet automne sur les plateformes de Vidéotron et d'Apple.

Avec La vie rêvée, Mireille Dansereau voulait avant tout s'adresser aux femmes et leur parler d'amitié. Rencontrée au début de l'année à l'occasion des 50 ans de l'ACPAV, la cinéaste nous a parlé de sa démarche : «On ne voyait pas beaucoup d'amitié entre femmes à l'écran. Cette relation était souvent basée sur une "compétition".  Cette belle amitié, c'est quelque chose que j'avais vécu et j'ai voulu mettre ça à l'écran.  Je voulais m'adresser aux femmes et montrer des rêves à l'écran. (...)  La forme n'était pas linéaire. Le propos était féministe: c'était une critique de l'image des femmes, entre autres dans les publicités. Mon personnage déchire ces images. J'arrivais de Londres où j'avais gagné un premier prix pour mon film étudiant.  Je ne revendiquais pas l'identité d'un pays, mais plutôt celle des femmes.» 

Dans les années suivant sa sortie, en septembre 1972, La vie rêvée a été davantage reconnu au Canada anglais et dans le reste du monde qu'au Québec. De l'avis de la cinéaste, le film a été relativement mal aimé et reste peu connu dans la Belle Province. Il a d'ailleurs reçu plusieurs prix à Toronto, un en France, mais aucun ici.  Il y a quelques années, lors d'une première entrevue accordée à Éléphant disponible ici, elle nous disait : «Ça a pris 15-20 ans au Québec avant qu'on reconnaisse la valeur de ce film-ci. Il a été reconnu ailleurs, mais moi je voulais être reconnue ici!»

Si La vie rêvée est sans équivoque un film féministe, Mireille Dansereau ne se voyait pas nécessairement comme partie intégrante du mouvement au moment de faire le film. «Lorsque le film est vraiment sorti à Toronto, le mouvement féministe était très fort. Les femmes féministes lesbiennes, je pense, ont pris le film en disant : "Ah, ça nous ressemble, c'est vraiment un film de femmes, il y a rien qu'une femme qui aurait pu faire ça." (...) Et c'est là que je me suis rendu compte que j'étais féministe tout en ayant un très bon rapport avec les hommes.»

Au coeur de La vie rêvée, il y a toutes ces images de femmes, parfois insérées entre les scènes de rêve comme des flashs, parfois intégrées à la trame narrative. On y voit des publicités qui conditionnent en quelque sorte la psyché féminine, des images modelées par les hommes qui perpétuent les modèles traditionnels d'un monde dans lequel les deux protagonistes (brillamment interprétées par Liliane Lemaître-Auger et Véronique Le Flaguais) évoluent sans s'y reconnaître, des images de princes charmants puissants et inaccessibles, tout comme l'homme dont s'entiche l'une des deux avant de réaliser qu'il ne répond en rien à ses rêves. Le film comporte des qualités esthétiques remarquables et est émaillé de références et d'observations ludiques interrogeant au détour notre regard de spectateur.   

 

La projection de La vie rêvée est gratuite et il est possible de réserver vos billets.