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Le côté sombre de l'humanité

Publié le 28 janvier 2019
PHOTO COURTOISIE / FUN FILM DISTRIBUTON - Le cinéaste Maxime Giroux a tourné son film La grande noirceur dans les paysages désertiques du Nevada et de la Californie.
Quatre ans après la sortie de Félix et Meira, son troisième long métrage qui a été acclamé par la critique à travers le monde, le cinéaste Maxime Giroux est allé tourner un road movie d'époque dans le désert américain avec un petit budget et une équipe réduite. «J'avais envie de me faire plaisir sur le plan cinématographique», confie le réalisateur à propos de la fabrication de ce nouveau film, La grande noirceur.

Tourné au Nevada et en Californie, La grande noirceur (The Great Darkened Days) relate le parcours de Philippe (Martin Dubreuil), un déserteur québécois qui a quitté Montréal en attendant que la guerre qui fait rage se termine enfin.
 
                 
 Fun Film Distribution - Martin Dubreuil dans une scène du film La grande noirceur.  
 
 
Tout en essayant de gagner un peu d'argent en participant à des concours d'imitation de Charlie Chaplin, Philippe erre dans les paysages désertiques et abandonnés de l'Ouest américain dans l'espoir d'aller retrouver son oncle qui habite à Detroit. Mais son chemin sera parsemé d'embûches alors qu'il fera la rencontre de quelques individus mystérieux qui lui feront découvrir le côté sombre de l'humanité.

Maxime Giroux ne s'en cache pas: après avoir séduit la critique et le grand public avec Félix et Meira, qui racontait une histoire d'amour entre un Québécois du Mile-End et une jeune juive hassidique mariée, il a voulu réaliser un film moins consensuel qui lui permettrait de s'éclater en tant que cinéaste.

«La grande noirceur est un film plus difficile que Félix et Meira, tranche le cinéaste. C'est aussi un film qui polarise et qui déstabilise le spectateur. D'une certaine façon, c'est tout le contraire de Félix et Meira qui est un film qui a touché le public partout où il a été présenté. Avec La grande noirceur, j'avais envie de faire un film en sachant très bien qu'il ne plaira pas à tout le monde. Il y a quelque chose de libérateur à tourner de cette façon. On est dans une ère où les artistes cherchent la reconnaissance à tout prix. Avec ce film, j'ai voulu créer sans me soucier de la nécessité de plaire. Je me foutais que ce film connaisse du succès ou pas. Je l'ai fait pour me faire plaisir.»

La cruauté du système

C'est le scénariste Simon Beaulieu qui a parlé de l'idée de La grande noirceur à Maxime Giroux il y a quelques années. Sur le papier, le projet était beaucoup plus ambitieux et nécessitait un budget imposant. Giroux a finalement décidé de tourner le film de façon plus modeste.

«Je me suis dit: pourquoi ne pas le faire avec un petit budget et une petite équipe, relate le cinéaste qui a tout de même réussi à recruter quelques vedettes internationales pour des rôles secondaires, dont le Français Romain Duris et la Canadienne Sarah Gadon.

«On s'est aperçu en faisant cela qu'on était totalement dans l'air du temps. Ce qui était au départ un vrai film d'époque est devenu une métaphore de notre époque d'aujourd'hui. Ce n'est pas un film qui se passe pendant la Seconde Guerre mondiale ou une autre guerre précise. C'est une allégorie de ce qu'on vit aujourd'hui. C'est fait de façon grotesque, évidemment. Mais on parle de ce qui se passe aujourd'hui. Et c'est la raison pour laquelle on a voulu tourner le film très rapidement. On ne voulait pas avoir à passer par trois années d'écriture. On savait que si on faisait ça, le film serait peut-être moins pertinent au moment de sa sortie.»

Les références à Charlie Chaplin sont nombreuses dans La grande noirceur. Le film s'ouvre d'ailleurs sur quelques extraits du célèbre discours qu'on peut entendre dans le classique Le dictateur, que Chaplin a tourné en 1940.

«Charlie Chaplin a toujours été à la base du projet, souligne Maxime Giroux. Le discours de son film Le dictateur a été écrit il y a 80 ans. Et 80 ans plus tard, on se pose encore les mêmes questions et on essaie toujours d'être une meilleure société, de meilleurs humains, d'être plus tolérants et moins racistes. Il n'y a rien qui a changé.

«Les personnages qu'on voit dans le film ne sont pas tous de mauvaises personnes à la base. Mais ces personnages sont dans un système qui fait en sorte qu'ils n'ont pas d'autre choix que d'agir ainsi. Ils sont aliénés par ce système et ils essaient de s'en sortir. C'est une métaphore de ce qu'on vit dans notre société aujourd'hui.» 
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