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Le deuil à la façon de François Papineau

Route 132

Publié le 4 octobre 2010
© Agence QMI - Alexis Martin et François Papineau incarnent deux amis qui fuient leur vie sur les routes du Bas-Saint-Laurent.

«Au diable les conventions, un deuil est une affaire personnelle qui se vit à sa façon», nous balance le personnage de Gilles, que joue François Papineau.

«Il donne l'impression de prendre plusieurs mauvaises décisions et de se pousser d'une douleur extrême, mais finalement c'est pour l'apprivoiser graduellement qu'il fait ces mouvements-là», souligne l'acteur à propos de Gilles, qui fait l'impasse sur les funérailles de son enfant de cinq ans pour prendre la route vers le Bas-Saint-Laurent, en compagnie de son ami Bob.

«Plus ça avance, poursuit Papineau, plus on découvre qu'il a pris les bonnes décisions pour lui. Ce gars-là a refusé cette façon préemballée de gérer la mort. Il y a cinquante ou cent ans, on exposait les corps dans le salon et il n'était pas question d'enterrer le défunt tant que le cousin du quatrième village n'était pas venu le voir. Il y avait un temps de deuil, quelque chose d'important et de graduel, qui est devenu mécanique, aujourd'hui.»

DES ÉLOGES

Coïncidence, l'acteur a aussi joué dans Trois temps après la mort d'Anna, de Catherine Martin, un film qui traite aussi du deuil et qui a abouti sur nos écrans récemment. Malgré la lourdeur du sujet, il assure que la préparation au tournage ne diffère pas.

«C'est le travail normal de réflexion en amont. Tu penses aux situations quelques mois à l'avance, tu essaies de trouver une certaine empathie par rapport aux personnages. Plus tu creuses, plus tu réussis à trouver des couloirs émotifs», dit celui qui ne reçoit que des éloges pour son jeu dans Route 132 et qui a remporté le Prix d'interprétation masculine au dernier Festival des films du monde de Montréal.

«C'est sûr que c'est bon pour le film, puisque c'est une mention internationale. C'est un jury composé de gens de l'Asie et d'Europe. C'est un privilège d'être apprécié à l'extérieur du Québec», confie-t-il, sans pour autant décréter qu'il s'agit de la meilleure performance de sa carrière.

«C'est ce qui marque le plus les gens, par rapport au cinéma. Depuis plusieurs années, j'ai un paquet de performances qui m'ont extrêmement satisfait. J'aborde toujours mes affaires de la même façon. C'est la réaction des gens qui change.»

ALEXIS MARTIN, COSCÉNARISTE

Alexis Martin fait une incursion dans la scénarisation en cosignant avec Louis Bélanger le récit de Route 132.

C'est lui qui, sûrement autour d'une bonne bière, a suggéré au cinéaste d'explorer les conséquences sur un père du décès tragique d'un jeune enfant.

«Louis et moi voulions faire un film ensemble et il m'avait parlé d'adapter un ouvrage. Je lui ai dit que j'avais l'idée de faire un film qui se passe en région et que j'avais des thèmes en tête. Ça l'intéressait et, à partir de là, on a élaboré ça ensemble», dit Martin.

«Nous sommes tous les deux de jeunes pères, on a des enfants et, malgré nous, on a souvent pensé au pire et on s'est demandé ce qui se passerait.»

AILLEURS, EN RÉGION

Dans Route 132, Alexis a cependant laissé le rôle du père endeuillé à François Papineau pour jouer celui de l'ami qui cherche un sens à sa vie en fuyant la ville.

«Bob est tanné de la pauvreté de sa vie. Il n'est jamais sorti de Montréal et se dit qu'il y a un ailleurs pour lui. Cet ailleurs, ce sont les régions du Québec. Il rêve de campagne. Il n'aime pas sa job. Il est obligé de faire du recel pour se payer un peu de luxe. Dans le fond, c'est un faux bum», dit l'acteur, qui partage ce trait de caractère avec son personnage.

«Moi, je suis un gars de Montréal, mais chaque fois que je me suis senti mal ou désespéré, je me disais que je partirais en région si ça allait trop mal. C'était une porte de sortie.» 

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