Le tour du monde de Philippe Falardeau

NAMUR - Philippe Falardeau vit dans ses valises depuis quelques semaines et ce n'est que le début. Après les festivals de Locarno, Toronto et Halifax, le réalisateur québécois a présenté son film Monsieur Lazhar à Namur, en Belgique, hier soir. Prochaines destinations : Hambourg, Abu Dhabi, Paris...

«Je suis dans le Monsieur Lazhar World Tour», lance en riant le cinéaste, rencontré hier après-midi au Festival international du film francophone de Namur.

Falardeau est un habitué de Namur. Il s'est d'ailleurs senti chez lui dès son arrivée, vendredi matin. Deux de ses trois films précédents y ont été présentés : La moitié gauche du frigo en 2001 et Congorama en 2006. C'est même à Namur que le cinéaste avait rencontré les coproducteurs belges de Congorama. Il avait même remercié le festival en allant chercher son Jutra du meilleur film, en 2007.

Hier, Falardeau a d'ailleurs retrouvé avec bonheur l'acteur belge de Congorama, Olivier Gourmet, un fidèle du festival qui agit cette année comme président d'honneur de l'événement. «Ma collaboration avec les Belges a débuté ici, à Namur, raconte Falardeau. Les organisateurs du festival créent chaque année des rencontres et des ateliers qui finissent par être utiles. J'ai rencontré ici un conseiller à la scénarisation belge et une monteuse belge avec laquelle j'ai retravaillé dans C'est pas moi je le jure!

«C'est aussi le festival de cinéma francophone le plus important au monde. La francophonie ici est vraie, elle n'est pas théorique. On rencontre des cinéastes et des distributeurs de partout.»

UNIVERSEL

Falardeau s'étonne encore de voir son nouveau film voyager autant. Monsieur Lazhar, dont l'histoire se déroule dans une école primaire de Montréal, a déjà été vendu dans une quinzaine de pays, dont les États-Unis. Des discussions sont aussi en cours avec un distributeur français.

«C'est pas moi je le jure avait aussi beaucoup voyagé, mais ce n'est pas arrivé aussi vite que Monsieur Lazhar, précise-t-il.

«Je m'aperçois que Monsieur Lazhar a plus d'atouts pour voyager et pour avoir une vraie vie en salles. C'est un film qui semble toucher les gens, partout. Il y a quelque chose d'universel dans ce film. Tout le monde ou presque est allé à l'école, tout le monde a des souvenirs de cette période importante de sa vie.»

Philippe Falardeau devra s'habituer à passer du temps dans les aéroports au cours des prochains mois, avec sa tournée des festivals internationaux et le travail de promotion qu'il devra faire aux États-Unis pour vendre Monsieur Lazhar aux membres de l'Académie des Oscars (le film a été choisi pour représenter le Canada dans la course à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère).«Juste à y penser, ça donne le vertige», conclut-il.

Monsieur Lazhar prendra l'affiche au Québec le 28 octobre.

Dans sa caméra

Philippe Falardeau traîne toujours avec lui une petite caméra numérique avec laquelle il filme son expérience dans les festivals.

Il a commencé à faire l'exercice à Locarno, où la carrière de Monsieur Lazhar a été lancée, et il a continué depuis dans chacun des festivals où il est allé. Il filme tout: les réceptions, les galas, les soupers auxquels il assiste, les rencontres qu'il fait, y compris ses propres entrevues.

«Je ne sais pas encore ce que je vais faire avec ça, admet-il. Je n'ai pas trouvé d'angle. Chose certaine, il y a des trucs très intéressants à filmer dans les coulisses d'un festival!»

Le cinéaste québécois transporte aussi toujours dans son sac le scénario de son prochain film, une comédie politique qu'il aimerait tourner dans trois ans.

«Quand on travaille sur un scénario, on a besoin d'avoir la paix. Et on trouve plus souvent cette paix en voyage qu'à la maison, parce qu'à la maison, il y a plein de distractions», observe-t-il.