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Lorsque c'est notre soeur...

Hommage de Claude Fournier à Hughette Gagné-Fournier

Publié le 11 janvier 2016
Claude Fournier - Claude Fournier rend hommage à Hughette Gagné-Fournier, décédée à la fin du mois de décembre.

Depuis les débuts d'Éléphant, il y a huit ans, j'en ai écrit plus d'une nécrologie : toujours celles d'amis, plus ou moins proches et, chaque fois, de remuer les souvenirs de ces disparus m'a arraché un peu le coeur. Écrire celle-ci m'arrache l'âme, car cette fois c'est la notice biographique de notre propre soeur, Hughette Gagné-Fournier, créatrice de costumes au cinéma, qui nous a laissés, à la fin de décembre, après une courte maladie. C'est la première d'une fratrie de six qui nous fausse compagnie et le trou qu'elle laisse paraît tout à coup démesurément grand. Elle allait avoir 83 ans, à la mi-janvier. Être à son chevet, aux soins palliatifs de l'Hôpital Notre-Dame, réveillait crûment ces moments anciens mais douloureux alors que je veillais ma mère, morte dans la quarantaine; Guy et moi, les ainés, venions d'avoir dix-neuf ans.

Hughette ressemblait beaucoup à notre mère; elle a toujours été mince, vive, modeste, sensible et avec un sens de l'humour assez caustique; elle a eu les mêmes talents qu'elle, des doigts de fée habiles à tout : couture, tissage, broderie et même la céramique.

Au cinéma, j'ai été son premier employeur. Elle s'est joint à moi quand j'ai formé ma première société, en 1963, Les Films Claude Fournier. Elle était alors comptable. Elle a poursuivi dans ces fonctions après la fusion avec Onyx Films, jusqu'en 1970.  Elle était d'une honnêteté à toute épreuve, droite comme une flèche, mais elle avait un «gros» défaut : les employés avaient toujours raison contre nous, les patrons! Il y avait du Michel Chartrand dans ce roseau de femme.

Puis, fatiguée des chiffres et sans doute de ses patrons, elle passe un an chez Guy Latraverse et Associés, son dernier séjour dans les livres! À compter de 1971 jusqu'en 1996, à sa retraite, elle se consacrera au cinéma, passant rapidement d'habilleuse (Lies My Father Told Me) à costumière (The Last Chance) à créatrice de costumes. 

Comme créatrice de costumes, elle a fait plus de cinquante films, parmi lesquels il faut mentionner Mourir à Tue-Tête et La Quarantaine (Anne-Claire Poirier) Happy Birthday To Me (J. Lee Thompson) Hotel New Hampshire (Tony Richardson) et une flopée de Contes pour tous : La guerre des tuques et Bach et Bottine (André Mélançon), The Great Land of Small (Victor Jasny) La Grenouille et la Baleine (Jean-Claude Lord) Vincent & Me (Michael Rubbo) etc. Elle a travaillé avec nombreux autres réalisateurs dont Michel Brault, Pierre Gang, Yvon Trudel, Jean Beaudry, Roger Cantin, Robert Favreau, Jean Beaudin, Robert Ménard, Paul Tana, Robin Spry.

Outre Guy et moi, les ainés, Hughette laisse dans le deuil une soeur, Camille Fournier, et deux autres frères : Daniel et Jean-Pierre Fournier; ses enfants : Martine Gagné (assistante-réalisatrice de cinéma) Stéphane et Patrice, ainsi que plusieurs petits-enfants.

Ceux qui aimaient Hughette sont invités, à compter de 13h, le 24 janvier prochain, à Memoria Alfred Dallaire, 4231 rue St-Laurent, à Montréal. Une courte cérémonie-souvenir aura lieu à 16 heures.

Bien sûr que nous t'avons fait damner lorsque nous étions jeunes, Hughette, mais n'est-ce pas souvent le lot d'une fillette parmi des frères taquins et pas  mal tocsons. Pardonne-moi.

Claude Fournier

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