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Plongée dans la drogue

La run

Publié le 24 août 2011
© Chantal Poirier/Journal de Montréal/Agence QMI - Demian et Leonardo Fuica en conférence de presse pour le film La run, le 23 août 2011.
MONTRÉAL - Deuxième film québécois présenté en compétition mondiale au Festival des films du monde (FFM) de Montréal - l'autre est le très bon Coteau rouge d'André Forcier -, La run réunit Jason Roy-Léveillée, Pierre-Luc Brillant, Marc Beaupré, Nicolas Canuel, Martin Dubreuil et Grégoriane Minot devant la caméra de Demian Fuica.

«C'est une histoire normale avec des gens normaux», a relaté le réalisateur et coscénariste Demian Fuica lors de la conférence de presse de présentation du long métrage qui se tenait mardi à l'hôtel Hyatt.

Son frère Leonardo - qui a aussi agi à titre de coscénariste et de producteur -, a eu l'idée de La run il y a sept ans. «La run», dans le langage de la rue, c'est la tournée des vendeurs de drogue, aussi surnommés des «runners».

On y suit Guillaume (Jason Roy-Leveillée) en garçon qui veut «sauver la vie de son père», joueur compulsif qui doit 50 000 $ au prêteur sur gages local. Demandant l'aide de Manu (Marc Beaupré), son meilleur ami, pour rembourser la dette de son père, il devient ainsi vendeur de drogue. Rapidement, les deux copains gravissent les échelons.

Pour Demian Fuica, le projet n'a pas été de tout repos. «Il faut beaucoup de patience, de passion et de persévérance. Il ne faut pas lâcher! Ça a été ?tough?, mais c'était important d'arriver jusque-là.» Produit pour un budget de 400 000 $, tourné en 22 jours, La run n'a bénéficié que d'un crédit d'impôt. Pas de subventions, pas d'aides diverses, le financement ayant été effectué par «des membres de la famille, des amis, etc.»

Même si les frères Fuica sont d'origine chilienne, La run est un portrait social du milieu de la drogue au Québec. Entièrement tourné à Montréal, le long métrage est résolument ancré dans la métropole. «Je sens les choses avec mon ventre, mes tripes, a dit Demian Fuica. Montréal... c'est ma ville. C'est une histoire d'ici, pour le peuple d'ici.»

Si Jason Roy-Léveillée et Pierre-Luc Brillant (qui incarne un vendeur de drogue jaloux du personnage de Jason) se sont inspirés de connaissances - «nous avons tous, dans notre entourage, quelqu'un qui consomme ou qui vend», a mentionné l'acteur rendu célèbre par sa prestation dans Lance et compte, c'est toutefois Martin Dubreuil qui s'est le plus plongé dans son personnage de toxicomane.

Comme le soulignent les frères Fucia, «Martin n'a pas mangé pendant un mois pour être maigre. Il ne prenait que du blanc d'oeuf le matin, une boîte de thon le midi et une soupe au poulet le soir. De plus, avant ses scènes, il arrêtait de boire de l'eau afin d'être en état de déshydratation pour que sa peau soit plus mince!»

QU'EN EST-IL DE LA CONTROVERSE?

Interrogé en marge de la conférence de presse par l'Agence QMI, Leonardo Fucia a fait le point sur la controverse autour de La run.

Car, en avril dernier, plusieurs membres de l'équipe se sont plaints de ne pas avoir été payés pour leur travail remontant à 2010.

«J'ai fait tout ce que j'avais à faire et je ne peux pas plaire à tout le monde. C'est comme quand tu es sur un bateau qui commence à couler. Des gens décident de sortir et d'aller sur une île. Et il y a ceux qui ont décidé de garder le bateau, de le construire et le réparer. Et quand le bateau est parti au large, ceux qui sont sur l'île demandent à ce qu'on vienne les chercher. C'est irrespectueux pour les gens qui sont restés. Oui, ce sont des décisions difficiles.»
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