Projection de la version restaurée d'Au clair de la lune le 28 mai à la Cinémathèque québécoise

C'est avec beaucoup d'enthousiasme qu'Éléphant présentera, le 28 mai prochain à la Cinémathèque québécoise, la version récemment restaurée d'Au clair de la lune, un film d'André Forcier sorti en salle en 1983 qui met en vedette Guy L'Écuyer et Michel Côté. La projection aura lieu à 18h en présence du réalisateur, qui répondra aux questions du public après la projection. Le film sera disponible dès le lendemain sur notre site web, sur les plateformes de Vidéotron et sur l'app Apple TV. 

Attendu depuis longtemps par les cinéphiles, Au clair de la lune est une oeuvre unique dans la riche filmographie d'un cinéaste unique en son genre. Avec un regard chargé d'humour, de tendresse et de poésie, elle nous plonge au coeur de l'hiver dans un quartier urbain populaire et nous fait découvrir des personnages singuliers attachants, ici un ex-champion de quilles devenu homme-sandwich, là un albinos sans-abri à l'esprit fantasque qui trouve refuge dans la voiture de son ami. 

Dès sa sortie, Au clair de la lune a suscité l'enthousiasme des critiques. Dans Le Soleil du 19 mars 1983, Louis-Guy Lemieux écrit :

 

«Ça, c'est du cinéma! Enfin un film québécois qui décolle, vole haut tout le temps, en apesanteur, en sachant raconter une histoire à la fois fantastique, émouvante et drôle. "Au clair de la lune" (quel beau titre!) du cinéaste André Forcier est un événement dans le cinéma québécois. Dans le cinéma tout court. Parce qu'il s'agit d'un film original inventif, authentique. Profondément personnel. Extrêmement intelligent. Charmant aussi. C'est le mot; charmant. S'il y a une forme de désespoir dans l'humour de Forcier, il y a surtout une grande poésie et une tendresse formidable pour ses personnages inventés.»

Si autant le public que les critiques adoptent Au clair de la lune, il faut savoir qu'il est le fruit d'un tournage difficile qui a beaucoup éprouvé André Forcier. Dans La tribune du 23 avril 1983, Pierrette Roy résumait ces difficultés : 

«Tourné en plein hiver 1979 par des 30 sous zéro, le film de Forcier a entraîné des problèmes de santé dans l'équipe de comédiens et les assureurs n'ont pas voulu rembourser. Le tournage terminé, il ne restait que 2 000 $ en banque: impossibilité donc de terminer la production. Mais, opportunité extrêmement à propos, Forcier est engagé comme réalisateur à l'Office national du film et on lui propose de coproduire son film; l'implication est davantage technique que financière.

Mais, avant que l'ONF se mette d'accord avec l'entreprise privée qui est déjà impliquée dans la production, il faudra trois ans de dissension, de division et de discussions. De semaine en semaine, la situation parait sur le point de se régler, mais elle mettra trois ans avant d'y parvenir.»

Au clair de la lune a été restauré avec soin au début de l'année par l'équipe de MELS. Le nouveau directeur d'Éléphant, Raphaël Rainville, nous a parlé des enjeux de restauration liés au film :

«Le négatif original d'Au clair de la lune a été très bien préservé et la richesse des images a été évidente dès le premier coup d'oeil. Le principal défi s'est donc orchestré autour de la colorisation pour reproduire le plus fidèlement possible la signature visuelle originale du film. Ce processus s'est fait avec la participation d'André Gagnon, directeur de la photographie, qui a guidé le coloriste Marc Lussier au niveau des intentions. Le style fantaisiste du film appelait aussi à l'utilisation d'effets optiques. Cette méthode traditionnelle dégradait progressivement la qualité de l'image sur les plans affectés. Nous avons donc porté une attention particulière à ces plans pour mieux les harmoniser par rapport aux autres. Comme pour l'image, la bande sonore magnétique a nécessité très peu d'intervention. Les compositions expressives de Joël Bienvenue sont toujours aussi réjouissantes aujourd'hui qu'à l'époque !»