Roy Dupuis sans limites

«Scully, c'est certainement le personnage le plus amoral que j'ai eu à camper. Il peut tuer un être humain aussi simplement que s'il était à la chasse. C'est agréable à jouer, parce que c'est un personnage extrême. Il n'y a pas de barrière et on peut aller à fond dans tout», se remémore Roy Dupuis, deux ans après avoir incarné le personnage qui en impose dans L'heure de vérité (The Timekeeper), en salles depuis vendredi dernier.
«C'est un survivant, un gars qui n'a aucune conscience de l'autre, prêt à tout pour survivre. Prêt à changer de camp à tout moment pour s'allier à celui qui lui sera le plus utile pour sauver sa peau, pour survivre», dit le comédien joint au téléphone. «J'aurais pu aller dans le côté plus mystérieux du personnage, mais j'ai préféré m'immiscer dans sa propre logique.»

«Scully est un être assez basique, presque primitif. Il a un côté animal qui permet une totale liberté dans le geste et c'était agréable à jouer justement pour ça. Il est d'une nature assez carrée, spontanée», ajoute Dupuis, précisant que le tournage de L'heure de vérité était assez particulier, parce que c'est vraiment un film de gars.

SEULEMENT DES HOMMES

«Ce n'est pas si souvent que la distribution d'un film ne comprend que des hommes. Contrairement à bien des films, même après une heure, on est toujours entre gars. Il n'y a pas une seule femme qui apparaît dans le décor. Sur le plateau, ça faisait drôle et après quelques semaines, disons que l'ambiance était un peu au relâchement. Il y avait vraiment une énergie de gars. C'était une autre expérience de vie», dit l'acteur.

Cela dit, Roy Dupuis affirme avoir apprécié la façon de faire du réalisateur Louis Bélanger, avec qui il tournait pour la première fois.

«Il travaille de façon sensible et touchante. Ç'a été une belle rencontre», soutient-il, précisant avoir tout particulièrement apprécié le fait de tourner en pleine nature, sur la Côte-Nord.

AMOUREUX DE LA NATURE

«C'est l'un de mes endroits favoris au Québec. J'aime beaucoup la nature et même si ce n'était pas la première fois que je tournais loin de la ville, c'est certainement la fois où je me suis trouvé le plus dans la nature.»

«La belle nature! C'est peut-être parce que je viens d'Abitibi et que j'ai appris à apprécier la nature quand j'étais jeune que je ne me sentais pas du tout dépaysé. C'est toujours agréable de se retrouver dans la vraie nature et non dans un boisé en banlieue de la ville, surtout pour un film comme L'heure de vérité », ajoute le comédien.

Pour l'anecdote, il raconte que le contraste était d'autant plus marqué qu'il est passé directement de la Côte-Nord au plateau de tournage de L'instinct de mort à Paris.

Curieusement, le film qui met en vedette Vincent Cassel dans la peau de Jacques Mesrine, l'un des hommes les plus recherchés des corps policiers dans les années 1970, n'est toujours pas sorti au Québec, alors qu'il a connu un succès très important en France et à New York.

UN RÔLE MARQUANT

Interrogé quant au rôle qui l'a le plus marqué jusqu'à aujourd'hui, Dupuis répond spontanément: le général Dallaire, qu'il a incarné dans J'ai serré la main du diable (Shake Hands with the Devil).

«J'ai vraiment eu le sentiment de continuer la mission du général et de tout faire ce que je pouvais pour qu'on apprenne de nos erreurs et éviter que ça se reproduise. La dernière rencontre que j'ai eue avec lui a duré six heures et quand j'en suis reparti, je me suis senti en mission.»

«Par ailleurs, découvrir la réalité de l'Afrique a juste amplifié mon engagement pour l'environnement et pour tenter d'améliorer la condition humaine. Ça m'a permis d'élargir mon point de vue sur notre réalité, surtout qu'on est de ceux (les compagnies occidentales) qui exploitent constamment les richesses africaines. Quand on voit des gens mourir de faim, on prend conscience que ça se passe dans la vraie vie et non dans un roman», ajoute Dupuis.