Triomphe de Mommy à la 17e Soirée des Jutra

C'était un secret de Polichinelle, Mommy n'allait rien laisser sur son passage - ou presque - lors de la 17e Soirée des Jutra de dimanche. Eh bien, c'est exactement ce qui s'est produit, alors que Xavier Dolan est monté sur la scène du Monument-National plus souvent que tout autre artisan du cinéma de chez nous.

À 25 ans et à son cinquième film, le jeune prodige a vu son Mommy être consacré meilleur film, honneur qui lui avait déjà été attribué pour sa toute première offrande, J'ai tué ma mère, en 2010. Le talent de Xavier Dolan a aussi été encensé au chapitre de la réalisation, du scénario et du montage.

Tous les acteurs qui insufflent à Mommy une forte dose d'intensité et d'authenticité ont été récompensés. Anne Dorval (meilleure actrice), Antoine Olivier Pilon (meilleur acteur) et Suzanne Clément (meilleure actrice de soutien) ont été consacrés pour leur interprétation inspirée.

Dans la catégorie du meilleur acteur de soutien, c'est l'autre film de Xavier Dolan sorti l'an dernier, Tom à la ferme, qui a valu à Pierre-Yves Cardinal cet important trophée.

Mommy, qui sera lancé en format DVD cette semaine, a ajouté à sa feuille de route le prix de la direction de la photographie (André Turpin).

Au total, 10 récompenses ont été décernées aux artisans de Mommy, si on tient compte de celle du film s'étant le plus illustré à l'extérieur du Québec, qui n'est toutefois pas issu d'un vote, mais bien d'un calcul «savant». C'est d'ailleurs à Cannes, le printemps dernier, que Mommy a obtenu ses premiers applaudissements et le Prix du Jury (ex aequo avec Adieu au langage de Jean-Luc Godard). Récemment encore, il brillait à l'international en ajoutant à sa récolte le César du meilleur film étranger. De quoi faire oublier que Mommy n'était pas finaliste aux Oscars.

Pour atteindre la dizaine, il faut par ailleurs ajouter le Jutra Billet d'or - ineplex remis à Mommy à titre de film québécois le plus lucratif de 2014. Ce prix avait déjà été annoncé en vertu de recettes de 3,3 millions $, devant la comédie 1987. Parlant de 1987, le film de Ricardo Trogi a obtenu trois statuettes dimanche, celles de la direction artistique, des costumes et de la coiffure.

Tu dors Nicole a dû se contenter des prix du meilleur son (Sylvain Bellemare, Pierre Bertrand et Bernard Gariépy Strobl) et de la meilleure musique originale (Rémy Nadeau-Aubin et Organ Mood [Christophe Lamarche-Ledoux]), alors qu'Henri Henri a reçu le Jutra du maquillage (Lizane Lasalle).

Au cours d'une soirée sans temps mort - merci pour le rythme! - animée par Pénélope McQuade et Stéphane Bellavance à l'antenne de Radio-Canada, l'industrie a salué avec émotion l'oeuvre du réalisateur André Melançon, grand manitou de La guerre des tuques et de Bach et Bottine.

Il y avait beaucoup de monde sur scène, dont des comédiens de La guerre des tuques et des membres de la famille de M. Melançon. Durant son discours, il a souhaité longue vie à la Cinémathèque québécoise et salué les cinéastes des années 1950 et 1960, qui «ont tracé les premiers sillons» et qui «nous ont appris à regarder, à écouter, à raconter». En s'adressant aux réalisateurs de la relève, il a dit: «Étonnez-nous, questionnez-nous, bousculez-nous, faites-nous rire, faites-nous pleurer, faites-nous penser, c'est important, faites-nous rêver, c'est essentiel, proposez-vous des façons nouvelles et différentes de voir le monde.»

Réalisateur, scénariste et acteur, sa carrière s'étend sur plus de 40 ans. Malgré la maladie qui l'a affligé ces dernières années, il garde la flamme bien vivante en continuant d'écrire. À la fin de son hommage, toute la salle a déclenché une guerre de boules de neige...