Un film d'amour qui flirte avec le fantastique
Café de Flore
Publié le 12 septembre 2011VENISE - La glace est brisée. Après y avoir consacré plus de quatre ans de sa vie, Jean-Marc Vallée a présenté pour la première fois devant un public son Café de Flore le 3 septembre au Festival de Venise. Prochaines étapes: Toronto cette semaine et le Québec le 23 septembre...
C'est donc un Jean-Marc Vallée soulagé et serein qu'on a rencontré dans la Cité des Doges au lendemain de la première mondiale de son quatrième long métrage, Café de Flore, à Venice Days, section parallèle de la mythique et prestigieuse Mostra de Venise.
Le film a été bien accueilli, soulevant de généreux applaudissements mais aussi des questions pertinentes de la part de plusieurs spectateurs qui sont restés dans la salle pour rencontrer le cinéaste québécois et son équipe.
«J'ai un bon feeling, de bons feedbacks. Je sens un bon buzz. On vit une belle affaire et ce n'est que le début», a raconté le cinéaste en entrevue au Journal.
«Je savais que j'arrivais avec une proposition originale et les premiers commentaires des gens confirment cela. Les gens me disent: on n'a jamais vu cela, comment t'as créé cela, comment t'as construit cela? C'est assez unanime comme commentaire.
«Je crois que c'est un film qui fait du bien mais ou en même temps la douleur est très présente. Je pense aussi que c'est un film qu'il faut revoir une deuxième fois. J'ai l'impression qu'on l'apprécie plus la seconde fois. Moi, j'ai travaillé dessus pendant quatre ans comme un malade alors je connais toutes les pièces du puzzle. Mais le spectateur qui le découvre la première fois doit faire des efforts pour tout comprendre.»
HISTOIRES PARALLÈLES
Café de Flore suit deux histoires en parallèle: celle de Jacqueline (Vanessa Paradis), une jeune femme qui élève seule son fils trisomique à Paris à la fin des années 1960. Et celle d'Antoine (Kevin Parent), DJ trentenaire déchiré entre son amour de jeunesse, la mère de ses deux enfants (Hélène Florent) et sa nouvelle flamme (Évelyne Brochu), dans le Montréal d'aujourd'hui.
De l'aveu de Vallée, Café de Flore s'inscrit dans la continuité artistique de C.R.A.Z.Y. , son film à succès de 2005. «Ça s'est fait naturellement au niveau de la musique mais en même temps j'ai voulu m'éloigner de C.R.A.Z.Y. sur certains aspects. Au niveau de la forme, par exemple, c'est totalement différent. Mais en terme d'émotion, de musique et du thème de la famille, Café de Flore rejoint C.R.A.Z.Y.. Mais en terme de montage, de réalisation et d'imagerie, ça s'en va ailleurs.»
Jean-Marc Vallée a écrit le scénario sur une période de quatre ans. «Je me suis écrit une histoire que je voulais monter. Déjà en l'écrivant, je savais que je m'éloignais de C.R.A.Z.Y.. J'étais en train d'écrire le montage déjà en écrivant le scénario. C'est la raison pour laquelle je voulais le monter moi même. De toute façon, il y a aucun monteur qui m'aurait enduré. Et je voulais revenir à mes premiers amours.»
« FILM D'AMOUR »
Le cinéaste n'hésite pas à décrire Café de Flore comme un «film d'amour». «Je voulais me questionner sur le grand amour. Pourquoi à un moment donné, tu penses l'avoir et tu le perds. Comment tu deales ça quand t'as eu des enfants avec le premier grand amour de ta vie. Quand on me demande de résumer le film, je réponds souvent que c'est une réflexion sur l'amour en deux temps. «Mais je ne voulais pas en même temps un film d'amour straight. Je voulais aussi flirter avec le fantastique, sans trop l'appuyer.»
Aussi, comme dans C.R.A.Z.Y., la musique est au coeur de Café de Flore. «Il y a beaucoup de Pink Floyd: Speak To Me, Breathe, et j'ai aussi utilisé le réveil de la chanson Time. Beaucoup de Sigur Ros aussi, l'équivalent d'environ une quinzaine de minutes.»
Maintenant qu'il peut s'enlever des épaules le stress de finir son film dans les temps, Jean-Marc Vallée est conscient qu'il entre dans un nouveau marathon, celui de la promotion. Et il sera bien servi au cours des prochaines semaines.
«Ce n'est plus le même travail où j'avais la pression de finir le film, dit-il. Je suis content de m'asseoir avec les gens pour parler du film, répondre à leurs questions. Oui, c'est un rush mais ce n'est pas un rush prenant comme celui de faire un film ou de le finir.»
Après avoir lancé Café de Flore, Jean- Marc Vallée replongera dans les trois scénarios de films en français qu'il espère tourner prochainement: Shoe Business, Temps magiques et l'adaptation du roman Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier.
Il a aussi donné son accord pour un projet de film américain, The Dallas Buyers Club, qui mettrait en vedette Hilary Swank et Matthew McConaughey.
«Je l'ai accepté parce que c'est un petit film qui peut se faire avec 7 ou 8 millions, dit-il. Des gros films comme Young Victoria (son long métrage précédent), je l'ai fait et ce n'est pas ma tasse de thé. Si ça se fait, c'est un film qui va totalement changer l'image de Matthew McConaughey. On va le défigurer et le transformer. Il va perdre 50 ou 60 livres. Si ça marche, ça va le présenter sous un autre jour.»