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Un premier film longuement mijoté

Jaloux

Publié le 21 mars 2011
© Photo courtoisie - Lors d'un week-end à la campagne, Marianne (Sophie Cadieux) et son conjoint rencontrent Ben (Benoît Gouin), qui se révèle bientôt un mystérieux et inquiétant personnage.
En apparence, Jaloux est un film comme il en sort des dizaines chaque année au Québec. En apparence seulement. Car le premier long métrage de Patrick Demers a mis une éternité à se réaliser, disposait d'un budget plus que famélique et a demandé des acteurs qu'ils improvisent les dialogues sur le plateau.

Ce scénario fortement improvisé est d'ailleurs la principale raison pour laquelle Demers n'a jamais été en mesure de convaincre les institutions de le financer malgré l'obtention d'un prix pour son court métrage Décharge, en 1999, à Toronto.

Le cinéaste croyait à l'époque que le tournage d'un premier long métrage était dans la poche. Il aura finalement patienté douze ans avant que le public québécois puisse apprécier le fruit de son labeur.

«Il fallait absolument que je le fasse et quand mon enfant est né, c'est devenu encore plus viscéral. Je voulais que ce petit gars soit fier de son père et je ne voyais pas comment il pourrait l'être si son père n'était pas fier de lui-même.»

Jaloux, thriller aux relents hitchcockiens, suit le périple d'un jeune couple dont la survie approche le point de non-retour. Pour se donner une dernière chance, Thomas et Marianne vont passer un week-end à la campagne. Mais leur séjour prend une tournure insoupçonnée quand ils rencontrent Ben, un voisin qui se révèle bientôt un mystérieux et inquiétant personnage.

Le long métrage, qui compte sur une distribution formée de Benoît Gouin, Maxime Denommée et Sophie Cadieux, a été tourné en pleine forêt, à l'été 2008. Les acteurs ont été plongés dans un tournage peu orthodoxe et, de leur propre aveu, un brin effrayant.

Sans scénario écrit, ils devaient improviser tous les dialogues, une méthode de travail que Demers a développée lors des tournages de ses deux premiers courts métrages.

«Si j'avais senti la moindre hésitation, je me serais dit que je n'avais pas la bonne personne. Il fallait que je compense le manque d'argent par du désir humain de faire quelque chose», dit Patrick Demers, soulignant que la fin du film a notamment été déterminée lors d'une conversation avec Benoît Gouin.

«La fin est apparue pendant le tournage. Nous nous sommes entendus que le personnage était d'une certaine façon et non comme on l'avait imaginé jusque-là. À partir de ce moment, il y avait une scène qu'on avait tournée qui ne marchait pas parce que le spectateur n'allait pas interpréter le personnage comme je le voulais. Alors, on l'a refaite. Et c'est le dernier plan du film.»

«FILM BIEN PENSÉ»

Malgré un budget dérisoire (400 000 $, dont 85 000 $ au début du tournage), Patrick Demers croit profondément en son film.

«C'est un film bien pensé. Le triangle amoureux, c'était une bonne idée. Faire ça autour d'un chalet, exploiter le lac, la forêt, c'était aussi bien pensé. Ça ne coûtait pas cher, mais ça donnait beaucoup de "production value". J'étais parfaitement entouré tant au niveau des comédiens que de l'équipe technique et de la production. J'ai tourné en fonction d'avoir des possibilités de montage. J'ai basé mon travail de laboratoire de création sur un cinéma de genre, sur un cinéma dont moi et le spectateur connaissons les balises.»

SORTIE REPOUSSÉE

Après des participations aux festivals de Karlovy Vary et Toronto, Demers a d'abord voulu sortir Jaloux, l'automne dernier, mais il a changé d'idée quand une horde de films québécois, Incendies en tête, a atterri sur les écrans.

«L'autre possibilité était janvier, mais j'ai refusé parce que je trouvais que c'était un moment mort pour aller au cinéma. J'ai demandé des chiffres pour savoir ce que les films québécois faisaient à cette époque et c'était désastreux. Le film se passe en été; donc, le printemps est une bonne période», confie le réalisateur, convaincu que Jaloux peut rallier un vaste auditoire.

«Je pense que c'est un film qui s'adresse à un grand public. C'est un suspense pas ordinaire. Il a quelque chose de plus. Les bons ne sont pas nécessairement les bons. Les méchants ne sont pas nécessairement les méchants. Ce n'est pas un film qui s'adresse uniquement à un public de festivals.»

Motivé comme jamais, Demers travaille sur un autre projet qu'il mènera encore une fois sans recourir à un scénario écrit.

«J'ai quatre nouveaux comédiens qui embarquent avec moi dans un projet du même genre et que j'essaye de subventionner, cette fois-ci. Ce sera peut-être un peu plus développé, avec des orientations plus claires, pour satisfaire les gens qui vont embarquer avec nous.»
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