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Un premier long métrage autochtone
HAMLET CHEZ LES INNUS
Publié le 20 février 2012 Être ou ne pas être... autochtone? Le premier long métrage de fiction entièrement amérindien au Québec plante l'histoire tragique de Hamlet dans le décor d'une réserve indienne au «destin shakespearien».
Le metteur en scène et cinéaste québécois Yves Sioui Durand a transposé le drame de Hamlet dans une réserve indienne fictive, symbole de toutes les réserves, dans Mesnak, premier long métrage de fiction autochtone, en salle depuis le week-end dernier dans la belle province.
Un jeune homme ayant oublié ses racines innues - communauté autochtone de la Côte-Nord - est appelé à retrouver sa mère biologique, sur le point de se remarier des années après la mort de son père.
Il découvre le meurtrier de son père, puis est, comme Hamlet, désarçonné par sa vengeance à venir et rencontre une femme à la fois lumineuse et trouble qui lui ouvre la porte des «territoires des Anciens» innus, aussi connus autrefois sous le nom de Montagnais.
«Nous, on a des destins shakespeariens. Les thèmes principaux de Hamlet correspondaient parfaitement à mon interrogation: "qu'est-ce qui arrive avec nos sociétés autochtones?"», explique à l'AFP Yves Sioui Durand, regard pénétrant, barbichette immaculée et crâne lustré.
Le réalisateur originaire de la réserve huronne de Wendake, près de Québec, a des airs de «premier des Mohicans». À 60 ans, il signe son premier long métrage, le premier aussi par un réalisateur autochtone au Québec.
«Je ne connaissais pas bien le Hamlet de Shakespeare, mais ça m'apparaissait comme un monument de la culture occidentale inatteignable pour des autochtones qui ont été infantilisés, dont la culture a été presque réduite à zéro», dit-il lors d'un entretien en marge des 30es Rendez-vous du cinéma québécois.
Sioui Durand a recruté des acteurs amateurs vivant dans des réserves, de jeunes acteurs sortant des écoles de théâtre et quelques doyens pour cette production bilingue, en français et en innu, une langue en érosion depuis la sédentarisation des derniers nomades, dans les années 1960-1970.
«Je tenais à ce que dans le film on entende cette langue innue qui est magnifique. Il n'y a pas de sous-titres, je voulais que le spectateur soit confronté au fait de ne pas comprendre, forcé d'activer son cerveau, d'accepter de ressentir, pour ne pas être toujours dans l'explication», confie-t-il.
«Il se fait un gros effort pour préserver la langue, mais puisqu'on est déconnecté de nos mythes fondamentaux, les mots anciens ne sont presque jamais prononcés. Dire "patate frite", "hot-dog", ou "passe-moi un joint" en innu, ça n'aide pas fondamentalement ton identité», fait valoir le réalisateur.
Alcool, drogue, inceste, conflits sur la voie à suivre pour survivre, Mesnak rassemble les démons des réserves indiennes canadiennes et propose une sorte de contre-pied, la nature étincelante, intemporelle, le territoire des mythes fondateurs à reconquérir.
Ce premier long métrage autochtone de fiction ne devrait pas être le dernier au Québec. Une jeune génération bricole des courts métrages et de la vidéo sous l'impulsion du Wapikoni Mobile, la caravane de la réalisatrice Manon Barbeau qui sillonne les réserves pour former des cinéastes.
Et ses efforts portent fruit. Sept oeuvres du Wapikoni sont présentées cette année aux Rendez-Vous du cinéma québécois.
Le metteur en scène et cinéaste québécois Yves Sioui Durand a transposé le drame de Hamlet dans une réserve indienne fictive, symbole de toutes les réserves, dans Mesnak, premier long métrage de fiction autochtone, en salle depuis le week-end dernier dans la belle province.
Un jeune homme ayant oublié ses racines innues - communauté autochtone de la Côte-Nord - est appelé à retrouver sa mère biologique, sur le point de se remarier des années après la mort de son père.
Il découvre le meurtrier de son père, puis est, comme Hamlet, désarçonné par sa vengeance à venir et rencontre une femme à la fois lumineuse et trouble qui lui ouvre la porte des «territoires des Anciens» innus, aussi connus autrefois sous le nom de Montagnais.
«Nous, on a des destins shakespeariens. Les thèmes principaux de Hamlet correspondaient parfaitement à mon interrogation: "qu'est-ce qui arrive avec nos sociétés autochtones?"», explique à l'AFP Yves Sioui Durand, regard pénétrant, barbichette immaculée et crâne lustré.
Le réalisateur originaire de la réserve huronne de Wendake, près de Québec, a des airs de «premier des Mohicans». À 60 ans, il signe son premier long métrage, le premier aussi par un réalisateur autochtone au Québec.
«Je ne connaissais pas bien le Hamlet de Shakespeare, mais ça m'apparaissait comme un monument de la culture occidentale inatteignable pour des autochtones qui ont été infantilisés, dont la culture a été presque réduite à zéro», dit-il lors d'un entretien en marge des 30es Rendez-vous du cinéma québécois.
Sioui Durand a recruté des acteurs amateurs vivant dans des réserves, de jeunes acteurs sortant des écoles de théâtre et quelques doyens pour cette production bilingue, en français et en innu, une langue en érosion depuis la sédentarisation des derniers nomades, dans les années 1960-1970.
«Je tenais à ce que dans le film on entende cette langue innue qui est magnifique. Il n'y a pas de sous-titres, je voulais que le spectateur soit confronté au fait de ne pas comprendre, forcé d'activer son cerveau, d'accepter de ressentir, pour ne pas être toujours dans l'explication», confie-t-il.
«Il se fait un gros effort pour préserver la langue, mais puisqu'on est déconnecté de nos mythes fondamentaux, les mots anciens ne sont presque jamais prononcés. Dire "patate frite", "hot-dog", ou "passe-moi un joint" en innu, ça n'aide pas fondamentalement ton identité», fait valoir le réalisateur.
Alcool, drogue, inceste, conflits sur la voie à suivre pour survivre, Mesnak rassemble les démons des réserves indiennes canadiennes et propose une sorte de contre-pied, la nature étincelante, intemporelle, le territoire des mythes fondateurs à reconquérir.
Ce premier long métrage autochtone de fiction ne devrait pas être le dernier au Québec. Une jeune génération bricole des courts métrages et de la vidéo sous l'impulsion du Wapikoni Mobile, la caravane de la réalisatrice Manon Barbeau qui sillonne les réserves pour former des cinéastes.
Et ses efforts portent fruit. Sept oeuvres du Wapikoni sont présentées cette année aux Rendez-Vous du cinéma québécois.