Une cuvée automnale pleine de promesses
Cinéma québécois
Publié le 23 août 2012Traversant jusqu'à maintenant une année difficile au box-office, le cinéma québécois pourrait se reprendre d'ici Noël grâce à une cuvée automnale pleine de promesses. Du premier film québécois francophone tourné en 3D (Les Pee-Wee 3D) au drame judiciaire L'affaire Dumont, le public québécois friand de productions locales en aura pour tous les goûts au cours des quatre prochains mois.
« Historiquement, il y a toujours eu beaucoup de films québécois qui sortaient pendant l'automne et à chaque année ou presque, il y a un ou deux titres qui obtiennent un succès qu'on n'avait pas nécessairement vu venir, analyse Patrick Roy, le président du distributeur Alliance Vivafilm, qui sort trois des films québécois attendus d'ici Noël (L'affaire Dumont, Mars et Avril et Ésimésac).
« On se souvient par exemple que c'est pendant l'automne que des films comme Incendies et Monsieur Lazhar ont pris l'affiche. Cette année, on remarque que plus que jamais, la variété est au rendez-vous. Entre L'affaire Dumont et Mars et Avril (première incursion québécoise dans la science-fiction), il y a un monde ! »
Côté box-office, Patrick Roy estime que certains films ont, sur papier, les qualités pour aider le cinéma québécois à maintenir une part de marché respectable :
« Chez nous, il y a L'affaire Dumont et Ésimésac qu'on compte lancer de façon importante, qui devraient susciter la curiosité des gens. »
Du côté des autres distributeurs, les films Les Pee-Wee 3D et Inch'Allah sont aussi très attendus.
À l'aube de la rentrée, voici donc un survol de ce que nous proposera le cinéma québécois d'ici Noël.
Karakara (Claude Gagnon)
31 août
Le réalisateur de Kenny et de Kamataki signe un nouveau film à saveur japonaise, tourné celui-ci sur l'île d'Okinawa. Karakara raconte l'histoire d'un professeur à la retraite (Gabriel Arcand) qui se retrouve en voyage avec une femme japonaise de 40 ans qui fuit un mari violent.
Présenté mardi en compétition mondiale au FFM, Karakara marque le retour de Gagnon au festival montréalais, où il s'est déjà illustré quelques fois dans le passé (Grand Prix des Amériques en 1987 avec Kenny, Prix de la mise en scène en 2005 avec Kamataki). Réussira-t-il à s'inscrire de nouveau au palmarès cette année ?
La vallée des larmes (Maryanne Zéhil)
31 août
Dans ce film tourné en partie au Liban, Nathalie Coupal joue une éditrice montréalaise qui part au Liban pour enquêter sur la disparition d'un Libanais avec lequel elle s'était liée d'amitié.
Second long métrage de la réalisatrice montréalaise d'origine libanaise Maryanne Zéhil (après De ma fenêtre sans maison), La vallée des larmes a été présenté en première mondiale au Festival international du film de Shanghai.
L'affaire Dumont (Podz)
14 septembre
L'un des films québécois les plus attendus de l'automne, voire de l'année, ce drame judiciaire de Podz (Les 7 jours du talion, 10 1/2, 19/2) revient sur le long combat judiciaire de Michel Dumont, cet homme qui avait été accusé à tort dans une histoire d'agression sexuelle.
L'histoire remonte à 1990. Livreur de dépanneur séparé et père de deux enfants, Michel Dumont (incarné par un Marc-André Grondin méconnaissable) s'était retrouvé accusé, jugé puis condamné pour une agression sexuelle qu'il a toujours nié avoir commise. Dumont avait finalement été blanchi de ces accusations en 2001, après s'être battu en cour avec son amoureuse (Marilyn Castonguay) pendant plusieurs années et avoir purgé trois ans de prison.
À noter que L'affaire Dumont sera présenté en ouverture du Festival de cinéma de la Ville de Québec, la veille de sa sortie en salle, soit le 13 septembre.
Après la neige (Paul Barbeau)
21 septembre
Le producteur Paul Barbeau (Roméo Onze) signe un premier long métrage à titre de réalisateur, un film dans lequel il joue également le rôle principal. Le film a été présenté au Festival du film de Shanghai.
Inch'Allah (Anaïs Barbeau-Lavalette)
28 septembre
Ce drame de la jeune et talentueuse Anaïs Barbeau-Lavalette (Le ring) suivra-t-il les traces d'Incendies et Monsieur Lazhar ? Produit par la boîte micro_scope (le duo de producteurs derrière les récents films de Denis Villeneuve et Philippe Falardeau), Inch'Allah connaîtra sa première mondiale au début septembre au prestigieux Festival du film de Toronto, avant de clôturer la seconde édition du Festival de cinéma de la Ville de Québec, le 22 septembre.
Dans son rôle le plus important à ce jour, Évelyne Brochu (Café de Flore) se glisse dans la peau d'une jeune obstétricienne québécoise travaillant à la clinique de fortune d'un camp de réfugiés palestiniens, en Cisjordanie. Entre les checkpoints et le Mur de séparation, elle découvrira la dure réalité de la guerre et de ceux qui la vivent au quotidien.
Mars et Avril (Martin Villeneuve)
12 octobre
L'aboutissement de ce projet fou issu de la tête du jeune cinéaste Martin Villeneuve (frère de Denis) tient pratiquement du miracle. Tourné il y a plus de trois ans, ce film de science-fiction campé dans un Montréal futuriste a dû traverser plusieurs obstacles, dont une année de refinancement, avant de se rendre enfin à bon port.
Adapté des deux photos-romans du même titre publiés par Martin Villeneuve il y a quelques années, Mars et Avril raconte l'histoire d'un populaire musicien septuagénaire (Jacques Languirand) qui découvre l'amour pour la première fois dans les bras de la jeune Avril (Caroline Dhavernas).
Le vieil âge et le rire (Fernand Dansereau)
19 octobre
Le vétéran cinéaste Fernand Dansereau se penche sur « la relation méconnue et peu abordée » entre le rire et la vieillesse dans ce documentaire qui réunit notamment des témoignages de Gilles Latulippe et de Jean Lapointe.
Columbarium (Steve Kerr)
Octobre
David Boutin et Maxime Dumontier campent deux frères aux caractères opposés qui doivent construire ensemble un columbarium près du chalet familial pour pouvoir toucher l'héritage de leur père. Ce premier long métrage de Steve Kerr a été présenté en première mondiale au dernier Festival Fantasia.
Tout ce que tu possèdes (Bernard Émond)
2 novembre
Après sa trilogie sur les vertus théologales (La neuvaine, Contre toute espérance, La donation), le réputé Bernard Émond effectue un retour sur nos écrans avec ce sixième long métrage.
Tourné dans la ville de Québec, Tout ce que tu possèdes met en scène un jeune professeur de littérature solitaire qui n'attend plus rien de la vie (Patrick Drolet) et dont l'existence sera bouleversée par l'arrivée de sa fille de 13 ans qu'il n'a jamais connu. Le film est présenté en première mondiale au Festival de Toronto, début septembre.
Avant que mon coeur bascule (Sébastien Rose)
16 novembre
Sébastien Rose change de style et de ton avec ce film à l'approche plus réaliste et directe qui traite de l'adolescence et du passage à l'âge adulte.
Mettant en scène une adolescente rebelle, Avant que mon coeur bascule marque les débuts à l'écran de la jeune Clémence Dufresne-Deslière, que Sébastien Rose a déjà décrite comme « une version québécoise de Sandrine Bonnaire dans Sans toit ni loi ». Sébastien Ricard et Sophie Lorain complètent la distribution.
Ésimésac (Luc Picard)
Novembre ou décembre
Quatre ans après le succès de Babine, Luc Picard replonge dans l'univers et les mots du conteur Fred Pellerin avec ce nouveau film qui ramène à l'écran les colorés personnages de Saint-Élie-de-Caxton et qui se penche particulièrement sur l'histoire de Ésimésac (Nicola-Frank Vachon), l'homme fort du village.
Contrairement à Babine, qui misait beaucoup sur la magie des effets visuels, Ésimésac a été tourné dans de vrais décors. Luc Picard, Gildor Roy, Marie-Chantal Perron et Isabel Richer reprennent tous leurs rôles dans le nouveau film.
Les Pee Wee 3D (Éric Tessier)
21 décembre
Considéré comme le premier film québécois francophone à avoir été tourné en 3D, Les Pee-Wee 3D suit les péripéties d'un groupe de jeunes joueurs de 11-12 ans d'un petit village du Québec qui se préparent à participer au célèbre tournoi de hockey pee-wee de la ville de Québec.
Réalisé par Éric Tessier (Sur le seuil, 5150, rue des Ormes) et misant sur une distribution de choix (Claude Legault, Édith Cochrane, Normand Daneau, Julie Le Breton), ce film familial réunit, sur papier, du moins, tous les ingrédients d'un succès en salle. Le public sera-t-il au rendez-vous ? La réponse à Noël !