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3 histoires d'Indiens : au-delà des apparences

Publié le 13 avril 2014
Coop Vidéo - Une scène de 3 histoires d'Indiens

Pour sa plus récente oeuvre, Robert Morin a décidé de montrer la réalité et les rêves de jeunes autochtones. Bienvenue sur une réserve où se mêlent espoir, musique classique et la sainte Kateri Tekakwitha.
 
«C'est terrible une réserve. C'est comme des camps de concentration... j'exagère, mais c'est un apartheid terrible qu'on fait vivre à ces gens-là. Ce n'est pas vivable», explique Robert Morin, actuellement en production de Le paradis pour tous, une comédie avec Stéphane Crête.

«Je ne vivrais pas sur une réserve! Les autochtones sont confinés là. Nous, nous avons eu l'aide sociale lors de la Seconde Guerre mondiale. Eux l'ont eue à la dernière guerre de Louis Riel, en 1870. Ils ont cinq générations de plus que nous d'aide sociale dans le corps. Imaginez les dommages qu'on a dans nos sociétés, dans des quartiers comme Hochelaga-Maisonneuve, Saint-Henri, Côte-Saint-Paul! Je viens de là, et il y a des dommages qui sont faits avec cet espèce de système qui est une mauvaise béquille dans bien des cas», indique le cinéaste.
 
3 histoires d'Indiens, développé pendant quatre ans et sur quatre saisons, «s'est fait assez spontanément. J'avais le goût de faire des personnages qui sont des espèces d'exaltés, des obsédés. Je suis parti avec ça et, en auditionnant et en choisissant les acteurs que les histoires se sont pas mal précisées toutes seules.»
 
Car, contrairement à ce que laisse penser une bonne partie du long métrage, il ne s'agit pas du tout d'un documentaire, mais d'une fiction et Robert Mortin joue allègrement avec la ligne invisible qui sépare les deux.
 
Au bout de ses passions...
 
3 histoires d'Indiens s'ouvre sur Erik (Erik Papatie), un passionné de la caméra qui filme sa vie et décide de créer une chaîne de télévision sur la réserve. Erik, c'est le bavard de la gang, celui qui est de bonne humeur (malgré tout a-t-on envie d'écrire, surtout après avoir vu l'histoire de sa vie racontée sous forme de liste des familles d'accueil dans lesquelles il a été placé, élément réel de la vie d'Erik Papatie.
 
La deuxième histoire, c'est celle de Shayne (Shayne Brazeau), un jeune qui parcourt la réserve et ses environs avec des écouteurs sur les oreilles, lesquels diffusent du Bartok, du Ravel et du Wagner à plein régime.
 
Dans la troisième, on suit trois jeunes filles, Alicia, Shandy-Ève et Marie-Claude, prises de passion pour Kateri Tekakwitha, canonisée en 2012 par le pape Benoît XVI.
 
Si le réalisateur - qu'on connaît pour Les 4 soldats, Journal d'un coopérant ou encore Requiem pour un beau sans-coeur - a souhaité faire un film plus «contemplatif» - il caresse l'envie, d'ailleurs, de tourner un long métrage sans dialogues -, celui-ci n'est pas exempt de dureté.
 
«Je n'ai pas voulu montrer les Indiens que tout le monde montre, d'alcool, de drogue, de femmes battues, de violence. Les films qu'on voit sur les Indiens - quand on en voit - sont souvent très réalistes. [...] Je voulais faire un film dans lequel on n'est pas là-dedans. J'appelle ça de la dramaturgie contemplative, ce que je voulais faire, c'est contempler des gens qui ne sont pas en conflit les uns avec les autres. Ici, les protagonistes sont en conflit avec leur arrière-plan», c'est-à-dire leur milieu de vie. Et, comme le montre si bien Robert Morin, ils iront chacun au bout de leur passion.
 
3 histoires d'Indiens est à l'affiche depuis le 11 avril.

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