<-Retour à toutes les nouvelles

La situation préoccupante des réalisatrices québécoises

Étude «Encore pionnières»

Publié le 8 mars 2011
© Sira Chayer / Agence QMI - Léa Pool (réalisatrice), Francine Descarries (sociologue), Anna Lupien (sociologue), Catherine Martin (réalisatrice), Barbara Shrier (productrice), Isabelle Hayeur (Réalisatrices équitables) et Mireille Dansereau (réalisatrice).
MONTRÉAL - Il y a encore beaucoup de travail à faire avant que les réalisatrices québécoises de longs métrages soient reconnues au même titre que leurs collègues masculins. C'est ce qui est ressorti de l'étude «Encore pionnières», présentée lundi matin, à Montréal.

À la veille de la Journée internationale des droits de la femme, l'organisme Réalisatrices équitables a présenté les résultats d'une vaste étude sur le parcours des réalisatrices québécoises en cinéma de fiction.

L'étude a été conçue en collaboration avec l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (AARQ).

«Elles sont pionnières parce qu'elles sont encore prisonnières», a d'abord dit le président de l'AARQ, François Côté. Bien que les réalisatrices soient plus nombreuses qu'avant, leur place sur les grands écrans n'est pas plus importante.

Seulement 100 longs métrages de fiction, signés par 48 réalisatrices, ont été conçus depuis les débuts de notre histoire cinématographique jusqu'en 2007.

«La situation des réalisatrices de longs métrages est préoccupante», a dit la sociologue Francine Descarries, qui a travaillé sur «Encore pionnières» avec Anna Lupien.

Oui, il y a des réalisatrices comme Léa Pool et Micheline Lanctôt qui connaissent du succès, mais combien d'autres cinéastes peinent à joindre les deux bouts?

«Ça fait 30 ans que je fais des films et je vois bien que quelque chose n'avance pas, a dit Léa Pool. Mais comment changer le cinéma qui a été bâti dans un monde d'hommes?»

Plusieurs obstacles

Pendant leur recherche, qui s'est déroulée sur une période d'un an, les sociologues ont rencontré 20 réalisatrices et un groupe-témoin de cinq réalisateurs. Elles ont pu constater qu'il y avait plusieurs obstacles rencontrés par les cinéastes féminines.

Que ce soit l'étiquette du «cinéma féminin» qui est lourde à porter, l'absence de modèles féminins dans le milieu, la maternité, la formation scolaire, le financement ou la distribution, les embûches sont nombreuses à se présenter sur le parcours de celles qui veulent porter leur art au grand écran.

Il y a 40 ans, Mireille Dansereau était la première réalisatrice québécoise à proposer un long métrage de fiction, avec La vie rêvée. «On croyait à ce moment-là qu'un nouvel espace venait de s'ouvrir, a indiqué Marquise Lepage, la présidente de Réalisatrices équitables. Pourtant, depuis 1972, rien n'a changé. La situation piétine depuis 20 ans.»

Même si les femmes représentent près de 52% de la population mondiale, elles sont encore sous-représentées chez les artisans du septième art. «La société ne peut se permettre de se priver du talent et de l'imaginaire des femmes», a dit Francine Descarries.

Quelles solutions propose l'étude pour améliorer la situation? La plus populaire est celle de la mixité égalitaire, qui est une mesure destinée à favoriser l'équité entre les hommes et les femmes.

En Suède, on a implanté cette mesure dans un ratio de 40/60 pour le financement des oeuvres artistiques. Ainsi, aucun des deux groupes, hommes ou femmes, ne peut être financé par l'État dans une proportion dépassant 60 % de l'ensemble du financement, ni toucher moins de 40 % de ce même budget.

Le gouvernement québécois va-t-il en faire autant?

Pour plus d'infos sur Réalisatrices équitables: www.realisatrices-equitables.com.
<-Retour à toutes les nouvelles
 
Lexique Conditions d'utilisation Politique de vie privée Copyright © Éléphant - Tous droits réservés