Le secret : une longue préparation
Angle mort
Publié le 1 mars 2010Tourner un film à l'étranger, dans un pays comme Cuba, comporte ses avantages et ses inconvénients.
L'action d'Angle mort se passe dans un pays fictif, la République de Santiago. De fait, le film aurait pu être tourné dans n'importe quel pays du sud.
«On a choisi Cuba parce que c'est à trois heures de vol de Montréal, qu'il y a des vols à tous les jours, qu'il n'y a pas de décalage, parce qu'il fait toujours beau, et parce qu'il n'y a pas de corruption comme dans d'autres pays», confie André Rouleau, le producteur de Caramel Films.
«Ça coûte aussi beaucoup moins cher et c'est ce qui nous permet d'ailleurs d'avoirplus de jours de tournage, 35 ou 36 dans le cas d'Angle mort.»
PAR BATEAU
Déménager une production entière à Cuba est une opération titanesque, planifiée depuis des mois. «On est venus en septembre, en octobre et Dominic (James, le réalisateur) s'est installé ici en novembre», indique M. Rouleau.
«Avec un budget restreint comme le nôtre, il nous fallait une place où on nous en donnait pour notre dollar», confie le réalisateur.
Avant Noël, la production a rempli tout un conteneur de lampes, de caméras et de l'attirail technique nécessaire au tournage. «On l'a mis sur un bateau. [...] On a d'ailleurs eu la frousse, parce qu'en raison de la mauvaise température, le port d'Halifax a été fermé et le bateau n'a pu partir avant deux semaines. Une chance, on avait prévu quelques jours avant l'arrivée du bateau et le début du tournage. Il a quand même fallu tout décaler d'une journée», raconte André Rouleau.
DES CUBAINS «DÉDIÉS»
Le film, au budget de 3 950 000 $, est réalisé par une toute petite équipe: 35 personnes, dont une quinzaine de Cubains recrutés sur place.
«Ils sont très dédiés et ils travaillent très fort pour nous autres, confie Dominic James, qui se fait un devoir de leur serrer la main après chaque jour de tournage. Là où il y a des lacunes pour l'expérience, ils compensent par l'effort.»
Sur le plateau, l'esprit d'équipe est exceptionnel. Que ce soit en raison du petit nombre de gens ou du fait d'être éloignés de la maison, l'ambiance est décontractée et chacun s'implique à fond dans son rôle. L'équipe travaille cinq jours par semaine, du mardi au samedi. À la fin de chaque semaine, tout le monde se retrouve chez le producteur pour un petit souper entre amis.
«C'était impossible de faire ce film-là au Québec, ajoute André Rouleau, en évoquant le cadre du scénario. C'est comme Un dimanche à Kigali; ça ne peut pas se faire ailleurs.»
Trouver les lieux de tournage a quand même été très compliqué. «Il faut faire des demandes de permis et ils ont des procédures très différentes des nôtres. À un moment donné, t'arrêtes de te battre et tu t'adaptes à eux, à leurs réponses», confie Dominic James.
POUR LES PLAGES
Cuba est particulièrement prisé des producteurs québécois. En 2007, certaines scènes du film Le piège américain y ont été tournées. Plus récemment, c'était au tour de la production du film sur le commandant Piché, Entre ciel et terre, d'installer ses caméras à Cuba.
«Quand les Québécois ont besoin d'un décor de plage, c'est ici qu'ils viennent», résume André Rouleau, qui a lui-même tourné à Cuba à plusieurs occasions depuis 10 ans.
«Le secret, c'est une petite équipe et une longue préparation», confie-t-il.
Pour la réalisation du reportage, le Journal a répondu à une invitation de Remstar.